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Domaine étranger Les eaux secrètes

mars 2003 | Le Matricule des Anges n°43 | par Thierry Cecille

La Barque le soir

L’homme est. Il fait face, « avec un désir aveugle d’être là. » Seul. « Il y a loin jusqu’au prochain », toujours. Il regarde, il touche, il sent. En face, les éléments du monde : la pierre, le fleuve, la neige, la montagne, le marécage -et les animaux, qui pensent, qui savent, eux, peut-être. L’homme se tient en face, puis s’approche discrètement, ou se heurte violemment. « On essaie de participer à tout ce qu’il faut » car tout est « avertissement muet ». C’est ce que disait Rilke, à sa manière : « Et tout était mission ». Pour Vesaas aussi, ce qui importe c’est de coïncider, ne fût-ce qu’une seconde, avec ce que la matière montre, ou provoque. L’homme se parle, en lui, face à tout cela qui vit et se métamorphose, c’est un long monologue intérieur, des litanies de phrases lourdes, mots-blocs, phrases-murs -et parfois un cri : « Dis quelque chose, bouche », lance-t-il aux pierres chaudes. Les humains sont rares : il y a une possible fiancée qui, embrassant, ne sait ce qu’elle embrasse, il y a cinq soldats gisant que la pluie vient laver et alors « les visages anéantis brillent » -ou bien, dans la scène inaugurale de ce poème autobiographique, de ces Mémoires de visions ressurgies, le père. Bloc lui aussi, au secret tu, impérieux et retenu. « S’aiment-ils. Oui. Beaucoup de signes de ça. Mais étrangers l’un à l’autre. Sais pas. »
Il faut, pour entrer en ces pages, une lecture lente et attentive, patiente et recueillie, mot à mot, pas à pas, goutte à goutte. Il faudrait, pour ici s’approcher au plus près, pour démêler l’usage des allégories et le mystère des métaphores, la méthode de Bachelard ou la critique sensualiste de Jean-Pierre Richard. Le traducteur-préfacier nous présente Vesaas comme un des deux ou trois plus grands écrivains norvégiens du XXe siècle, et ce livre (paru en 1968 - Vessas mourra en 1970) comme son « ultime quête » -mais il est surtout célèbre comme romancier, et l’on ne peut qu’éprouver alors une irrésistible curiosité envers ces romans, à l’issue, ici, d’une telle expérience des pouvoirs de l’écriture.

La Barque le soir
Tarjei Vesaas
Traduit du néo-norvégien
par Régis Boyer
José Corti
194 pages, 15,50

Les eaux secrètes Par Thierry Cecille
Le Matricule des Anges n°43 , mars 2003.
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