Bram Stoker (1847-1912) est surtout connu comme l’auteur de Dracula. L’œuvre, qui eut un grand succès dès sa sortie en 1897, reste aujourd’hui un classique du roman d’horreur. L’Irlandais a pourtant écrit de nombreux autres romans, souvent mal réédités, parfois réécrits par d’autres ou privés de quelques chapitres. En proposant la première édition française complète du Joyau des sept étoiles, les éditions Terre de brume rétablissent un texte jusque-là malmené et prouvent que Stoker n’est pas l’homme d’un seul livre.
Un égyptologue est plongé dans un état de catalepsie plusieurs jours durant à son domicile. Il dormait apparemment dans une pièce close. Pourtant, il a été blessé par quelqu’un ou quelque chose… L’intérêt et la relative modernité d’un tel roman tiennent à la première partie du texte, consacrée à la mise en place du climat d’horreur. Ce huis clos dans un intérieur londonien n’évite pas certains poncifs -on imagine facilement le canapé de cuir clouté au milieu de la pièce-, mais l’ambiance mortifère qui progresse au fil des pages pousse le lecteur à une avancée fébrile et précipitée : « Un cri aigu résonnait encore dans mes oreilles. La chambre était soudain illuminée. Il y eut des coups de pistolet : un, deux. Et une fumée blanche dans la chambre. Quand, m’étant bien réveillé, je repris le plein usage de mes yeux, j’aurais pu hurler moi-même en face du spectacle que j’avais devant moi. »
Cette entrée en matière fracassante reste en tête longtemps heureusement, car la suite du texte s’avère plus classique, teintée de cette fascination de l’époque pour une science qui paradoxalement, nourrit le fantasme et tente de le rationaliser. Une énigme devant être résolue, on bascule presque dans le roman policier et la tension fantastique s’efface bientôt derrière les démonstrations indigestes.
Le Joyau des sept étoiles
Bram Stoker
Traduit de l’anglais (Irlande) par Jacques Parsons et Richard D. Nolan
Terre de brume
256 pages, 18,50 €
Histoire littéraire Horreur à l’égyptienne
mars 2003 | Le Matricule des Anges n°43
| par
Benoît Broyart
Horreur à l’égyptienne
Par
Benoît Broyart
Le Matricule des Anges n°43
, mars 2003.