Malgré la place importante qu’il occupe dans l’histoire du roman fantastique anglo-saxon et les traductions récentes proposées par José Corti ou Actes Sud, Le Fanu n’a pas encore accédé à une véritable notoriété auprès du public français. L’œuvre la plus connue de cet écrivain irlandais né à Dublin en 1814, qui fut aussi avocat et patron de presse, est Carmilla : cette nouvelle met en scène un personnage de vampire féminin qui manifeste une prédilection pour les jeunes femmes.
Invitation au crime, roman de 1851 (traduit pour la première fois en français), repose sur une intrigue policière : une nuit, la triste demeure de Marston, noble déchu et tourmenté, est le théâtre du meurtre d’un convive. Si le coupable désigné finit par se livrer, le délitement familial va s’avérer irréversible. Le romancier utilise toutes les ressources de son art pour entretenir le mystère et donner à cette chute le pathétique souhaité : confidences et lettres dont le lecteur ignore le contenu, tête-à-tête dramatisés, mises en scène appuyées de la détresse ou de la démence. L’« Invitation » ne manque pas d’attraits, mais les plats sont parfois un peu trop épicés.
Invitation au crime
Joseph Sheridan Le Fanu
Phébus
160 pages, 15 €
J.L.
Histoire littéraire Invitation au crime
mars 2003 | Le Matricule des Anges n°43
| par
Jean Laurenti
Un livre
Invitation au crime
Par
Jean Laurenti
Le Matricule des Anges n°43
, mars 2003.