L’araignée est de ces bêtes maudites qui peuplent les cauchemars des hommes, nourrissent leurs mythes, suscitent leurs phobies. Depuis Freud, on sait qu’elles structurent aussi leur inconscient, l’araignée étant perçue comme une figure ambiguë de la mère, aimante et castratrice tout à la fois. Dans ce court traité rédigé en 1886, Émile Blanchard, zoologiste membre de l’Académie des sciences, s’attelle à la réhabilitation de ces créatures « d’une perfection qui ne cesse d’étonner ». Blanchard se révèle le plus enthousiaste et le plus convaincant des guides. Pour parvenir à ses fins, il puise autant dans sa parfaite connaissance de la gent arachnéenne que dans les ressources poétiques de la langue : « entre toutes les fileuses, les épeires ont le rang suprême ». Et l’épeire des jardins, artiste sublime, « manœuvre sur un fil d’une ténuité idéale avec une aisance et une agilité qui défient toute comparaison ». Voilà qui change notre regard. Au moins le temps d’une lecture.
Les Araignées
Émile Blanchard
Préface de Bernard Marcadé
Éditions Villarrose
(38bis, rue de la Tour d’Auvergne 75009 Paris)
98 pages, 9 €
Histoire littéraire Les Araignées
mars 2003 | Le Matricule des Anges n°43
| par
Jean Laurenti
Un livre
Les Araignées
Par
Jean Laurenti
Le Matricule des Anges n°43
, mars 2003.