Ceux qui aiment le théâtre de Wajdi Mouawad retrouveront ici son monde d’enfance, d’exil, traversé de figures oniriques. Ce jeune Libanais évoque la vie d’un petit garçon dont la famille a fui la guerre. Mais en exil, la terreur ne le quitte pas. Ses crises d’angoisse s’enracinent dans un événement traumatique : un bus incendié sous ses yeux et dont les passagers ont brûlé vif. Des flammes a jailli la figure de la femme de bois, symbole de l’horreur, elle le hante sans relâche, le possède. « À elle seule elle était l’éclatement de toutes mes douleurs. Tapie dans tous les recoins de mon âme, elle surgissait au moment où, au cœur d’une trop effrayante obscurité, j’invoquais la lumière. Elle apparaissait de mon aveuglement dû à la soudaine clarté et s’apprêtait à me dévorer. » Un âpre combat s’engage qu’il finit par gagner en aisant montre d’une énergie qu’on pourrait qualifier de bataillienne et qui pétrit son écriture. Comment côtoyer le pire et le dompter, passer du repli à la création ? Ce roman d’expérience des limites est à prendre comme un manuel d’exorcisme au quotidien.
Visage retrouvé
Wajdi Mouawad
Actes Sud/Léméac
211 pages, 17 €
Domaine français Visage retrouvé
mai 2003 | Le Matricule des Anges n°44
| par
Caroline Jane Williams
Un livre
Visage retrouvé
Par
Caroline Jane Williams
Le Matricule des Anges n°44
, mai 2003.