À l’heure des profils et des profits, la dissemblance est une dissonance. Et une dissidence. Mais sous les tuniques aux coupes étriquées transpirent parfois, à l’arrière du bataillon, des vies qui osent la différence. Des vies hors normes, « légèrement étrangères ». Une bizarrerie presque imperceptible, une étrangeté camouflée les soustraient aux défilés cadencés. En onze portraits de femmes, Jean-Pierre Cescosse épie l’écart et le trouble. Guetteur discret, l’auteur de Nos dernières frivolités (Flammarion, 2002, prix de la Société des gens de lettres) accompagne ses héroïnes jusqu’à la rupture. Elles s’appellent Hélène, Alexandra, Apolline ou Aude. À travers leurs incartades, sentimentales ou sociales, fantasmées ou assumées, chacune de ces femmes délicatement dépeintes incarne une inclination à la folie. Une tentation de rébellion, résumée par Aude : « Tournez le dos aux accommodements, quittez les aires de jeux où les barons de l’industrie culturelle vous parquent et, vous laissant cracher vos mutineries inoffensives, en profitent pour mieux vous museler… » Osez le pas de côté.
Légèrement étrangères
Jean-Pierre Cescosse
Flammarion
188 pages, 12 €
Domaine français Epineux amour
juillet 2003 | Le Matricule des Anges n°45
| par
Emmanuelle Bal
Un livre
Epineux amour
Par
Emmanuelle Bal
Le Matricule des Anges n°45
, juillet 2003.