L’atome est notre hantise, le microbe était celle de nos ancêtres. Trois nouvelles repêchées par Christian Laucou le confirment amplement. Ce sont les pages de Paris-Magazine (1873), de La Lecture (1891) et de La Vie heureuse (1904), publications familiales d’antan, qui lui ont offert de quoi composer un petit volume vivant, pour ne pas dire grouillant. Curiosité délectable, le texte d’H. G. Wells, « Un blanc qui deviendra nègre », relate l’histoire d’un anarchiste bleu-bite bien trop nihiliste qui s’empare d’un bouillon de culture inoffensif… mais colorant, lequel, généralisé, aurait fait les délices de la préfecture de police. Gaston Vassy (1847- ?) quant à lui présente un Faust narquois au savant Cornélius Schültz, vilain orgueilleux qui sombre dans le crime parce qu’on s’endort à la lecture des vingt-cinq volumes de son traité sur L’Influence des animalcules sur l’équilibre de l’âme. Mais la plus terrible des trois imaginations est celle de Charles Epheyre (1850-1935) qui savait de quoi il causait puisqu’il reçut en 1913 sous son nom véritable (Charles Richet) le prix Nobel pour ses travaux d’anaphylaxie. Il est probable que le jury suédois aurait élu un autre candidat s’il avait connu les ravages causés par son imaginaire et microscopique créature nommée Morti-fulgurans (Koussmi-Kousmi pour les victimes). Une dernière chose : après lecture de ce virulent régal l’éditeur conseille de se désinfecter les mains. N’oublions pas les bienfaits de l’hygiène : éradiquons ces microbes avant qu’ils nous croquent.
Microbes d’antan par Christian Laucou
Ginkgo éditeur - 93 pages, 9 €
Histoire littéraire Sans javel
septembre 2003 | Le Matricule des Anges n°46
| par
Éric Dussert
Un livre
Sans javel
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°46
, septembre 2003.