La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Arts et lettres L’art en question

novembre 2003 | Le Matricule des Anges n°48 | par Thierry Guichard

Spécialiste de l’art contemporain, Tony Godfrey nous convie à un voyage dans l’aventure conceptuelle. Surprenant et éclairant.

L' Art conceptuel

On dira peut-être sûrement un jour « le Godfrey » pour évoquer cet opus consacré à l’art conceptuel. Très pédagogique dans son approche, Tony Godfrey suit une chronologie (de Manet à Buren) tout en regroupant thématiquement les différents aspects d’un art auquel, aujourd’hui, toute une partie de la poésie contemporaine (publiée chez P.O.L ou Al Dante) mais aussi du roman (Jean-Pierre Ostende) doit beaucoup.
L’auteur cite, en ouverture de son essai richement illustré, le dadaïste allemand Richard Huelsenbeck : « Nous avions découvert avec la guerre que Goethe, Schiller et le Beau se résumaient à la tuerie, au carnage et au meurtre. » Dada, né durant la Première Guerre mondiale, s’est évertué à saper le langage sur quoi repose la société. L’héritage de l’art conceptuel est flagrant. Aux États-Unis, les artistes réagissent à la guerre du Vietnam en s’attaquant aux musées reprenant à leur compte la phrase de Picabia : « l’art est partout excepté dans les temples de l’art, comme Dieu est partout, excepté dans les églises. » Comme les dadaïstes avant eux, les artistes des années 60 s’attaquent donc à la représentation de l’art (rejetant la peinture), à sa commercialisation et au langage.
Les ready-mades se développent ainsi après la parution, en 1947, de Critique de la vie quotidienne où le philosophe Henri Lefebvre montre l’aliénation de l’homme moderne : « l’homme est séparé de la nature, (…) et surtout de lui-même et de son corps. » En pleines Trente glorieuses, les artistes s’emparent des objets les plus triviaux pour leur conférer une valeur artistique souvent ironique. Ils investissent aussi leur propre corps ou ceux des spectateurs comme Yves Klein qui en 1958 fait boire aux visiteurs de son exposition un cocktail qui les fera uriner bleu…
Le ludique, la surprise, obligent les spectateurs (les auditeurs) à se poser des questions sur le sens de l’art, mais surtout sur eux-mêmes, sur les raisons de leur présence devant une œuvre, qui peut n’être qu’une suite de photocopies enfermées dans un classeur tels les Dessins préparatoires et autres objets visibles sur papier à ne pas considérer nécessairement comme de l’art de Mel Bochner qui rassemble des dessins ou gribouillages d’amis. La notion d’auteur est mise également en question par des artistes comme Niele Toroni ou Daniel Buren qui titra un de ces articles ainsi : « il pleut, il neige, il peint ». La matérialisation de l’œuvre elle-même est sapée : en 1970, Tom Marioni expose The act of drinking beer with one’s friends is the highest form of art : l’intervention consiste à boire des bières avec des amis dans une galerie…
Si l’art conceptuel paraît s’essouffler après la guerre du Vietnam, c’est que, très vite, des collectionneurs vont acquérir certaines œuvres à prix d’or (à l’Ouest du moins). Influencés par Guy Debord, les artistes se voient ainsi rattrapés par la société consumériste. Ils réintègrent les musées, développent une voie autobiographique (Sophie Calle) et, via la photo ou la vidéo, redonnent dans les années 80 une valeur esthétique à leurs travaux. Alors qu’ils la parodiaient, ils voient leurs idées reprises par la publicité. L’ouvrage de Tony Godfrey, dans sa traversée du siècle collectionne une quantité incroyable d’œuvres, interventions, installations. Le livre apparaît comme un espace idéal pour l’art conceptuel et joue quasiment un rôle de galerie. L’auteur n’explique pas toujours le sens des productions réalisées, mais il les décrit et les replace dans leur contexte. On en sort avec le cerveau joliment excité.

L’Art conceptuel
Tony Godfrey
Traduit de l’anglais par Nordine Haddad
Phaidon
447 pages, 24,95

L’art en question Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°48 , novembre 2003.
LMDA PDF n°48
4,00