Cinq hommes et Moitié-moitié ont en commun le thème de la fraternité. Dans Cinq hommes, Luca, un Albanais, Samir, un Algérien, Edvard, un Slovène, Slavko, un Serbo-croate et Janos un Hongrois travaillent ensemble à la construction d’un mur. Ces immigrés exploités, sous-payés, embauchés
illégalement vont passer plusieurs
semaines ensemble. La pièce est un huis clos où les cinq hommes sont
enfermés dans leur quotidien entre le chantier, une ancienne caserne de
l’armée où ils logent, et un bar. La
parole, par une alternance de
monologues intérieurs, de dialogues entre les personnages ou à l’attention des absents ou des morts, révèle toute l’humanité de ces cinq-là, leur
grandeur et leur petitesse, leur
trahison, leur désir et leur difficulté à
croire. Avec des fulgurances
visionnaires « Je ne ressemble en rien à l’homme que je devrais être. Je suis une pierre dans mon propre soulier, un homme à la merci du genre humain » et plusieurs emprunts à la poésie d’André Frénaud, de François Villon, Guillevic, Brassens ou du livre des Psaumes,
Daniel Keene nous fait voyager entre la part lumineuse et sombre de chacun.
Dans Moitié-moitié, deux demi-frères se retrouvent après des années
d’absence. Leur mère est morte, ils vont l’enterrer une seconde fois dans un jardin qu’ils font pousser dans la cuisine. La langue de Keene est
stupéfiante, elle cherche à toucher l’épure d’une relation humaine et les répliques sonnent parfois comme des aphorismes. À relire plusieurs fois.
Cinq hommes/Moitié-moitié de Daniel Keene
Traduit de l’anglais (Australie) par Séverine Magois Éd. Théâtrales,152 pages, 18 €
Théâtre Le genre humain
janvier 2004 | Le Matricule des Anges n°49
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Le genre humain
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°49
, janvier 2004.