Paul van Ostaijen (1896-1928) fait, dans le panorama des avant-gardes littéraires du XXe siècle, figure d’exception. Ardent défenseur de l’émancipation flamande, il écrit en néerlandais, cette langue rugueuse comparée au grognement du cochon par un primat belge (donc wallon), qu’il attaqua ouvertement ; ce qui lui valut trois ans de prison. Très tôt, Ostaijen s’intéresse aux courants littéraires et artistiques novateurs qui naissent autour de la Grande Guerre. En 1914, il publie ses premiers poèmes à Anvers. Résolument pacifiste, il est poursuivi par la justice et part à Berlin en 1918. A l’exception d’un recueil posthume, Nomenclature (Farrago, 2001), cette anthologie grand format réunit pour la première fois en français, et dans la mise en scène typographique originale de l’auteur, ses recueils berlinois Fêtes d’angoisse et de peine et Ville occupée, des poèmes posthumes, et Jazz-banqueroute, un scénario. À la croisée de plusieurs influences, s’inspirant autant des expériences dadaïstes qu’expressionnistes, futuristes et cubistes, qu’elle contribuera à faire connaître en Flandres, l’œuvre de Paul van Ostaijen est inclassable, ce qui a contribué à son oubli par une histoire littéraire peu encline à encenser les irréguliers. Entre les scènes carnavalesques et criardes de James Ensor et les pirouettes grotesques de Max Jacob, la poésie de Paul van Ostaijen résonne d’une inventivité aux accents de fanfares et dessine sur le crépuscule de l’Europe guerrière « la concentrique croissance du coloriage vespéral ». Mort à 32 ans, il aura été aussi le premier traducteur de Kafka.
Le Dada pour cochons de Paul van Ostaijen
Traduit du néerlandais par Jan H. Myskin et Pierre Gallissaires, Textuel, 141 pages, 35 €
Arts et lettres De l’art et du cochon
février 2004 | Le Matricule des Anges n°50
| par
Catherine Dupérou
Un livre
De l’art et du cochon
Par
Catherine Dupérou
Le Matricule des Anges n°50
, février 2004.