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La révolution no révolution ! évolution si !

mars 2004 | Le Matricule des Anges n°51 | par Daniel Biga

« Celui qui n’est pas révolutionnaire à vingt ans n’a pas de cœur ; celui qui est encore révolutionnaire à cinquante ans n’a pas de tête. » Vieille maxime pré-néandertalienne ? Je vois déjà les double-maîtres du cogito parigo ainsi que les bien-pensants du gauchisme endémique et les thuriféraires de la révolution hors saison me renvoyer aux poubelles à réaction. Pourtant cet antique adage mérite qu’encore on l’examine sous l’angle (aigu mais non obtus) de son expérience de vie. Moi qui suis un homme du rien-du-tout, ni du Café du Commerce ni du Café de Flore, à peine sorti de la Saoura et des Aurès, entre la Prom des British et le Prat Saint Germain j’écrivais en 1965 (25 ans était alors mon âge) : « lâchez les tigres de la révolution… lâchez les tigres affamés de la révolution joyeuse ». Je ne renie pas cette exhortation en tant qu’allégorie poétique m’enfin je n’en ai jamais fait un slogan politique, hier ni aujourd’hui, et pas plus demain ! Et depuis j’ai continué de chanter mais déchanter aussi voyant disparaître après putréfaction moins ou plus pressée les idéologies les « meilleures » comme les « pires »…

L’histoire a donné d’innombrables preuves que la révolution échoue, que l’utopie par définition « en aucun lieu » ne peut advenir. Tant que l’humain perpétuera le mythe, préférant sa grande illusion au réel. Je sais qu’il n’existe héros, sauveur, superman, gourou, prophète, politique, général, ni génie ni ni ni, nul grand homme, nul grand penseur, grand artiste, grand écrivain dont je n’ai qu’à emboîter le pas, me reposant pusillanime sur sa mégalomanie afin de m’éviter moi-même et le pourquoi de mon être au monde. La seule autorité digne de confiance est à trouver en soi ! Car je sais, finalement, que nous devons vivre dans l’équilibre médiocre des actes quotidiens de 6 ou 7 milliards d’humains ( je n’ai pas suivi les derniers cours de la bourse démographique) plus que dans la résultante de leurs aspirations, rêves ou souhaits. Tous ces guignols et ces malades qui nous gouvernent (aussi parce que nous avons la stupidité de « croire » en eux) : détache-toi de leur cadavre ! Basta ! Juste la réalité rugueuse à étreindre, comme disait l’Autre ! Et l’autre est moi-m’aime. Révolution, non ! évolution, si ! Révolution-revolver, non ! Violence contamine : provoque vérolution ! Oui, Évolution via Eve, si ! « Aimer et être aimé, voilà l’idéal » (cent mille autres que Cocteau ; mais lui aussi l’a dit !) Pour les quelques siècles qui me restent à vivre je ne me souhaite rien de pire.

« Mais est-ce impossible absolument de rêver à une révolution (…) totalement utopique mais dont le déclenchement serait pour le moins réjouissant ? » insiste Le Matricule. La révolution absolue ? La révolution science fiction ? Pour y avoir trop cru, perdu ma foi, l’exercice plus guère ne m’attire : peut-être ai-je trop le goût du réel ! Ah ! vivre détaché, sans attente, sinon sa présence à l’être, faire retour ( rivoltare, rivolgere…) aux origines de ceux qui ont compris, à peu près, Lao Tseu ou Héraclite, Empédocle ou Bouddha, Épicure ou Diogène et mille et trois autres dont, heureusement, l’histoire a oublié le nom, parce que l’Anonyme vit ignoré et heureux, parce que Personne précède à jamais Ego (dixit Ulysse comme Pessoa ) ; et alors je rêve (puisqu’on m’en donne le droit et le devoir et que le rêve ne disparaît qu’avec la mort de son rêveur) et l’ayant reconnue hors d’atteinte définitivement, l’utopie point de mire devient un excellent objectif pour mon imagination où je chantonne encore en secret quelquefois ses refrains émus, genre « Quand les hommes vivront d’amour… » ou encore « We shall overcome someday »… alors je rêve d’une terre qui renaît, d’une humanité de cinq cents millions d’humains maxi (il s’agit pas de supprimer les autres, évidemment ! et je suis plus généreux qu’Arno Schmidt : il n’en souhaitait que cent millions lui !), je rêve d’une nature sauvée, de la disparition du sida, de la peste, du choléra, et de l’étcétéra, de l’horreur/l’erreur économique, de l’écroulement du géant kapital, je rêve de l’extinction des mines individuelles et des bombes à billes, de la disparition de la famine, de la famille, des tribus, je rêve de la fin des butins, des nations, des massacres ; je rêve d’une écologie holistique débarrassée des clans politicards, des plans politiciens, et cetera… je rêve des vraies richesses, du triomphe de la vie disait ce pacifiste du doute, je rêve simplement du retour des écrevisses dans les ruisseaux… Je rêve révolution égale je n’y crois pas ; je rêve évolution, je (r)évolution(ne).

Outre les noms cités le lecteur attentif restituera de lui-même (tu parles !) au Dico étymologique, à Bashô, Desnos, Rimbaud, Saint-Denys Garneau, Joan Baez, Bob Dylan, Krishnamurti, Denys Arcand, Jean Bacon, V. Forrester, Jean Giono et moult autres les allusions emprunts ou influences qui les concernent.

* Poète
Dernier titre paru : Le Poète ne cotise pas à la sécurité sociale
(Le Castor astral)

no révolution ! évolution si ! Par Daniel Biga
Le Matricule des Anges n°51 , mars 2004.