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Jeunesse Roule ma poule !

avril 2004 | Le Matricule des Anges n°52 | par Malika Person

Des caquetages de haute volée sur rythmes poétiques et jeux de langages pour nous épingler avec éloquence et humour.

Après Le Verlan des oiseaux (1995) et Le Rap des rats (1999) édités chez Motus, Michel Besnier récidive avec Mes poules parlent, élargissant ainsi son bestiaire à la volaille (poules, coqs et poussins). C’est elle qui est venue le solliciter est-il écrit sur les rabats de la couverture et il s’est improvisé leur porte-parole avec un malin plaisir. Car les temps sont durs, figurez-vous ! Des réclamations, des revendications… ? Mis en vers par Michel Besnier, les mots posés sur la page swinguent, détonent, résonnent, bref, se font entendre mieux que n’importe quel discours théorique.
Dans ce recueil d’une trentaine de poèmes en prose, l’auteur joue avec les mots, les sons, ce qui ravira les plus jeunes pour peu qu’on y mette le ton. Les plus grands, eux, trouveront à sourire dans le clin d’œil, le rapprochement sonore ou l’allusion à peine voilée : « On cocohabite/ on cocomunique/ avec notre cocode/ on fait des cocollations/ on joue la cocomédie/ C’est le bon cocôté/ de notre vie ». Et Michel Besnier de ne jamais perdre de vue que se sont ses poules qui parlent, des « poules ordinaires », « européennes », des « poules de gouttière ». Il emprunte alors à la langue française ses expressions et les détourne au profit des discours des gallinacées : « J’ai vécu/ (mais pas de ma plume)/ j’ai pondu/ j’ai couvé/ j’ai gratté/ sans ergoter/ j’ai chanté/ Kot, kot,kot/ coûte que coûte/ j’ai pris des/ coups dans l’aile/ et travaillé du jabot/ Toute une vie/ doux gésier !/ pour finir en cocotte ». De l’humour grinçant plein le bec, à propos de la vie, des désillusions : pour les poules féministes, contre les coqs qui la ramènent un peu trop et pourraient finir « coq au vin », de quoi débattre sur « Radio-Poulailler/ Pour ou contre les trente-cinq œufs/ pour ou contre la ponte le dimanche/ pour ou contre les œufs à la coke » ! Subversifs l’air de rien ces poèmes, une subversion renforcée par des illustrations (à la plume…) d’Henri Galeron, maître dans son graphisme surréaliste. Des poules frondeuses, hautaines, soumises… à chaque page, en regard d’une poésie. Des illustrations où l’anthropomorphisme est assez appuyé dans les attitudes afin que nous nous reconnaissions sans peine dans cette volaille qui caquette, caquette, « cot cot cot/ coquette » au risque de finir « cot cot cot/ omelette » sans avoir vu rien venir. Dans ce monde imprimé noir sur papier recyclé gris, les poussins prennent aussi la parole. À propos de leurs parents, par exemple, qu’ils ne trouvent pas toujours assortis et un peu trop occupés à des tâches sans intérêt mais dit l’un d’entre eux « depuis l’œuf/ j’ai appris à m’en sortir ».
Mes poules parlent nous pique à vif. On rit mais la plupart du temps on rit jaune car Michel Besnier tire de nous un portrait peu flatteur dans un monde qui ne l’est pas moins. Le contenu politique de ce livre fait sa force, son originalité aussi parce que détourné, distancié. Une formule efficace, un peu poil à gratter, certes : qui se frottera à ce livre… y perdra forcément des plumes ! Mais Michel Besnier ne se fait pas trop d’illusions : « Quand les poules auront des dents/ elles se révolteront ». Reste à parier qu’un tel recueil trouvera sa place auprès des enfants qui en feront une lecture assurément plus réjouissante. Les termes simples et autres « kot kot kot kodett » leur permettront d’apprécier la fantaisie sonore qu’offre cette poésie, entre blues et rock n’roll. Hautement recommandable pour tous, donc.

Mes poules parlent
Michel Besnier/
Henri Galeron
Motus, 67 pages, 10

Roule ma poule ! Par Malika Person
Le Matricule des Anges n°52 , avril 2004.
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