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Jeunesse Changement de décor

mai 2004 | Le Matricule des Anges n°53 | par Malika Person

Kazumi Yumoto fait du temps qui passe un élément central de ce roman initiatique où il est question de vies et de morts.

Kazumi Yumoto écrit sur la vie et la mort avec art en dépouillant son texte de tout effet de syle, dans une écriture limpide qui le rend accessible aux jeunes lecteurs à partir de 9 ans. Évitant les écueils du genre (manichéisme, jugements de valeur…), ce roman bouleversant remue par son propos sur les peurs existentielles. Écrit au présent, il fait du lecteur un témoin direct de la progression psychologique des personnages en quête d’eux-mêmes, lui permettant d’entrer dans l’intimité du narrateur omniscient. Cette progression est d’emblée liée à la nature, au fil du temps qui passe, au rythme des longues saisons extrême-orientales (saison des pluies et saison sèche). Au passage de l’une à l’autre, un déplacement des personnages a eu lieu.
Dans ce roman construit en deux parties, où le réalisme est de mise, Yamashita, Kawabe et Kiyama (le narrateur) prennent conscience de leur mortalité et s’interrogent sur le moment où l’on passe de vie à trépas. Une interrogation légitime selon Kawabe : « c’est le désir de savoir qui fait avancer l’humanité. Eh bien moi, j’ai douze ans et je suis littéralement tenaillé par ce désir de savoir ! », déclare-t-il. Les trois amis d’école, inséparables (et assez irrésistibles) se mettent à épier un vieillard, leur meilleur candidat à une mort imminente. Un jour, une rencontre avec le vieil homme aura lieu et évoluera vers une belle et profonde amitié rendue possible car tous ces personnages ont au moins une chose en commun : dans leur vie, « l’impression de vide domine ». Chacun dans son histoire familiale est confronté au silence et à l’abandon et chacun recherche l’apaisement.
L’auteur use de la symbolique et de la métaphore pour signifier les changements à venir. Le temps passe lentement et Kazumi Yumoto insiste sur cette lenteur en décrivant la monotonie des jours qui se suivent et se ressemblent et la pluie ajoutant à l’ennui. Mais les éléments naturels (vents, typhon) sont aussi annonciateurs de renouveau, procédant à un grand nettoyage et faisant place nette de ce qui encombre, créant ainsi un espace vierge caractérisé par la métaphore du jardin du vieil homme, où les jeunes adolescents ont semé des graines de fleurs de cosmos à la « blancheur immaculée ».
Dans cet espace, dans ce temps hors du temps, dans ce terrain encore vague, les descriptions et les dialogues sont d’une grande intensité parce qu’ayant trait aux petits riens de la vie, aux menus détails à portée de regard du narrateur. C’est le temps de l’immanence, de la métamorphose. Le lecteur se trouve au plus près des émotions de Kiyama et des changements qui s’opèrent en lui. « La lumière était là, mais les couleurs étaient cachées. »
Cette lente progression est une avancée vers l’éclaircie annoncée dans la seconde partie de ce roman qui s’ouvre, se déploie. Un renversement de situation stimulant correspondant au début de la saison sèche. L’écriture se fait plus rapide, plus déliée à l’instar des langues devenues propices aux confidences des quatre personnages. Le temps s’accélère, les jours passent et ne se ressemblent pas, les faits se réalisent, les choses sont de l’ordre du possible, même la mort du vieil homme. Mais il existe à ce moment-là de l’histoire assez de confiance et d’amour dans la vie pour accepter de se séparer et, pour le lecteur de tourner la dernière page de ce roman qui s’ouvre à la réflexion sans dramatisation.

Les Amis
Kazumi Yumoto
L’École des loisirs, « Neuf »
309 pages, 11,50

Changement de décor Par Malika Person
Le Matricule des Anges n°53 , mai 2004.
LMDA papier n°53
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LMDA PDF n°53
4,00