Personnage influent de la scène artistique européenne, dont il sonde les mutations les plus significatives et décompose les codes depuis plus de vingt ans, Jean de La Ciotat se montre méfiant voire rétif dès qu’il lui faut parler de lui-même. L’auteur de La Psychologie de l’artiste international(e) n’éprouve en effet guère de sympathie pour ceux qui pensent leur vie comme un objet d’art et fait une différence radicale entre l’esthétique et le biographique. Son dernier ouvrage ne devrait donc pas manquer de surprendre ceux qui suivent ses travaux : Jean de La Ciotat confirme n’est pas un essai sophistiqué sur la place de l’artiste au fin fond du Poitou ou sur la « marchandification » considérée comme un des beaux-arts. Ce recueil d’articles et de dépêches d’agence de presse relate le retour au cyclisme à l’âge de 38 ans de l’auteur du Petit Jean de La Ciotat en Ligne de l’Art Contemporain. Un retour aux allures de performances pour cet ancien espoir aujourd’hui rangé des vélos qui, du mont Ventoux à L’Alpe d’Huez, en passant par le Tourmalet, s’est attaqué aux cols mythiques du Tour de France sans entraînement et avec « du poil aux pattes ». Son journal de bord nous fait donc revivre ses pérégrinations et ses multiples défaillances. En point d’orgue, l’annonce de son retour à la compétition. Un retour accueilli par les railleries et les sarcasmes du milieu, mais aussi par la circonspection de ses proches une amie y voyant la confirmation de son goût affiché pour « les trucs un peu ringards, la variété notamment ». Et si justement c’était là que se situait la subtilité de ce livre à l’écriture décalée et inventive. Et si ces « articles » s’inscrivaient dans un projet esthétique qui jette les bases de la culture populaire dans l’art actuel.
Jean de La Ciotat confirme
P.O.L, 222 pages, 17 €
Domaine français L’art sans faux plats
juillet 2004 | Le Matricule des Anges n°55
| par
Emmanuel Favre
Un livre
L’art sans faux plats
Par
Emmanuel Favre
Le Matricule des Anges n°55
, juillet 2004.