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Théâtre Vus du ciel

janvier 2005 | Le Matricule des Anges n°59 | par Laurence Cazaux

Trente petites pièces de l’écrivain portugais Abel Neves nous invitent à regarder de plus haut notre condition humaine.

Au-delà les étoiles sont notre maison

Abel Neves est né en 1956 à Montalegre, petite ville du nord du Portugal. Dramaturge, romancier, poète, il a également écrit un recueil de textes de réflexion sur le théâtre. Il figure aujourd’hui parmi les auteurs contemporains les plus joués au Portugal.
Pour lui, « Au-delà les étoiles sont notre maison est un recueil de trente petits textes écrits pour le théâtre. Je pense que sept ou huit d’entre eux réunis en bouquet permettent de créer un spectacle. Il est ainsi possible de concevoir plusieurs spectacles différents sous le même titre. »
Le lecteur plonge dans ce recueil comme dans un jeu de pistes. Ces courtes pièces déconcertent, comme des énigmes. Toutes ne touchent pas le lecteur, mais l’ensemble de ce « bouquet », comme l’appelle l’écrivain, dégage un univers très particulier constitué d’un mélange d’onirisme, de fantastique, d’une autre manière de regarder l’invisible, de faire appel à l’inconscient et d’accepter une part de mystère. Comme dans un inventaire à la Prévert, on pourrait faire la liste des éléments qui se retrouvent dans différentes pièces, des petits riens, des indices. Ainsi les bouquets de fleurs, les télescopes, les paires de chaussures, les poussettes de bébés, le service du thé, des cerises ou des pêches égrènent ce théâtre.
Mais ce qui relie la grande partie de ces trente pièces, c’est leur rapport à l’espace. L’océan parfois, mais surtout le ciel, les constellations, les étoiles et les planètes.Entre la mort qui ressemble à une dame à la robe constellée d’étoiles, et la naissance (dans Orbite ouvert, une femme, enceinte, en parlant de sa fille explique : « je veux qu’elle vienne au monde en orbite ouvert »), Abel Neves nous oblige à élever notre regard, le décoller du réel, comme pour essayer de déchiffrer le mystère du big bang.
Ainsi, Abel Neves en appelle à la beauté et à l’invisible comme dans Pour peindre un jour le martin-pêcheur. Une femme aveugle transporte une cage à oiseau dont la porte est ouverte pour y inviter un martin-pêcheur, et « ne jamais plus oublier le trait de couleur qu’est le mouvement d’un oiseau ».
L’écrivain pratique aussi un théâtre d’apparitions, anges blancs ou noirs ou policiers. Selon le dramaturge, nous avons basculé dans une autre société. « Il paraît qu’on va à une vitesse qui n’est pas naturelle mais en fait, notre tête s’y fera tôt ou tard. L’adaptation implique le changement. L’humanité est en train de changer ». Du coup, certaines séquences sont proches de la science-fiction. Par exemple, les gens cessant de faire l’amour, des enfants sont à vendre. Ou encore, dans un interrogatoire, la coupable est accusée d’avoir pénétré dans le réseau virtuel de navigation interdite, pour y commettre des délits. D’autres personnages se sentent espionnés par toutes les caméras de surveillance et du coup en oublient ce qu’ils ont vécu par peur d’avoir commis un délit. Bref, un monde où plutôt que de regarder le ciel, on écoute les stations météo, et où l’on ne s’explique pas que les tempêtes de neige se déclenchent en plein été. Un monde où la folie guette.
Avec la carte du ciel comme guide, les personnages d’Abel Neves nous posent problème et nous questionnent : « Je voulais simplement dire qu’après tout, rien n’est triste, de la lumière, de la lumière comme les étoiles, ça va être comme ça, et nous tous comme un feu d’artifice, cela va être très joli, mais vous, personne n’y croit, vous voulez juste parler, parler, avoir de l’argent et parler, des maisons, de l’argent, des voitures, une réputation, et parler, parler, et si moi je parle, vous ne m’écoutez pas pourquoi ? »

Au-delà des étoiles sont notre maison
de Abel Neves
Traduit du portugais par Alexandra Moreira da Silva et Jorge Tomé
Éditions Théâtrales, 202 pages, 19

Vus du ciel Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°59 , janvier 2005.
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