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Jeunesse Play-list

juin 2005 | Le Matricule des Anges n°64 | par Malika Person

Entrons dans « Bruits » comme dans un rêve où les images accentuent la cacophonie, les silences, pour produire de la poésie sonore et visuelle pure.

Bruits n’est pas un album sur les bruits mais sur la douleur de Louis dans un environnement à première vue (et à première ouïe) cacophonique.
Louis est l’ouïe, c’est-à-dire le corps lui-même. Une économie esthétique symboliquement limitée à une oreille et surtout à son sens (l’ouïe) qui à la fois véhicule l’émotion et permet la perception. Dès les pages de garde, l’album s’ouvre sur le bruit de la respiration d’un être endormi « rrrrrrrrr (…) zzzzzzz ». On comprend alors que le souffle sera le véritable motif de ce livre auquel l’auteur Marion Bataille va donner forme : d’une condensation des bruits, elle opère une transformation en poésie.
Formes et mouvements sont autant d’indices qui symbolisent l’intensité sonore qui joue un rôle essentiel dans la lecture de l’album. Ils rendent parfaitement compte des traversées d’ambiances urbaines ou champêtres, des géométries inouïes des situations immatérielles qui représentent l’art de la fuite de Louis. Des ambiances créées à partir d’une sélection de bruits enchaînés dans un certain ordre telle une play-list façon DJ.
Un savant sampling de bruits modifiés, dont l’enchaînement produit un rythme syncopé ou parfois même une mélodie. Marion Bataille utilise les sons dans une logique qui organise des liens entre eux, faisant de Bruits une œuvre de poésie sonore à part entière à laquelle le lecteur prête sa voix, son souffle surtout. D’une lecture à voix haute, il crée des apparitions sonores dans une respiration devenue forme poétique, dans un rythme majestueux prenant le contrepied de la souffrance sonore qu’éprouve Louis : l’intensité, les mouvements, les tourmentes deviennent poésie. Les effets rapides, de ralentissements, les inflexions plus ou moins aiguës ou graves selon le sentiment qui s’y joint, les silences, les distorsions des sons à la manière des guitares électriques, les saturations : la cadence et les sons accentuent la respiration jusqu’à un effet de transe qui crée des rythmes, des hauteurs de voix qui finissent par faire des mélodies. Une invitation à la musicalité et à la poésie inévitable lorsque l’état de la langue en appelle à la potentialité du sensoriel : il s’agit de comprendre l’image mieux qu’en la regardant seulement mais en l’investissant au maximum.
Dans cet album où Marion Bataille donne une forme à l’informe, le bruit devient matière à métamorphose, créateur de plusieurs formes possibles, par utilisation des onomatopées. Par exemple le bruit du train « Tatoumtatoum » éloignant Louis du « Ramdam » de la ville vers la campagne et qui prend la forme de l’objet désigné. Ou encore le bruit d’un camion passant à toute allure « Brrrr » représenté par un trait tremblé multiplié pour retraduire les vibrations qu’il provoque. À l’instar de la création artistique lettriste, le monde de la lettre et du signe relie l’alphabet phonétique à l’art visuel ne formant qu’un seul domaine d’écriture. La représentation hypergraphique des illustrations « psychédéliques » aux tons parfois « sourds » violet et brun devient un système d’arrangements dont s’accapare l’auteur pour appliquer des formes visuelles à des mécaniques diverses.
Bruits est un rêve ou plus précisément une succession d’images d’un rêve probable, un lieu sensoriel qui relate la mémoire des images dont il est fait.

Malika Person

Bruits
Marion Bataille
Thierry Magnier, Non paginé, 13,50

Play-list Par Malika Person
Le Matricule des Anges n°64 , juin 2005.
LMDA PDF n°64
4,00