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Dossier Henri Calet
Correspondances

juillet 2005 | Le Matricule des Anges n°65

Montevideo, le 14 juin 2005.

Cher Henri Calet,

je ne savais rien de cette ville, mais j’avais commencé à l’aimer il y a longtemps, pour la seule couleur bleu admirable d’un maillot de football national peut-être, quelques regards ténébreux, le vague-à-l’âme des embouchures de fleuves (fussent-ils de « plata »), et des passés matraqués. C’est ici, forcément, que nous sommes devenus plus intimes alors je t’en ai voulu de ne pas avoir aimé Montevideo autant que moi. J’imagine ton ennui, le long de la rambla. J’imagine trop de toi à cause de ce mal que nous avons toujours à affronter les bouts cassés de vie, les chevauchements a priori inconciliables, l’incomplétude des pièces définitivement disséminées et orphelines sur la table du temps.
Luis-Eduardo Pombo est mort en 1976. Il a vécu ses derniers jours dans une chambre du Palacio Hotel, rue Bartolomeo Mitre, tout près l’appartement de Mariani chez qui tu passas quelques nuits. Aujourd’hui, je suis allé à Malvin puis sur la plage de Carrasco, veiller à ce que la chaîne hôtelière Marriot qui s’est offert l’hôtel Casino Carrasco ne défigure pas trop cette façade du côté de Guermantes. Vérifier que le sable est resté le même depuis soixante-douze ans et que la mer porte pareil, à la bouche du promeneur, des ailleurs doux et moroses. Ainsi vient ce moment que j’associe toujours à ces pages du Temps retrouvé où le Baron Charlus abîme sa nostalgie dans une longue litanie des morts. Hannibal de Bréauté, mort ! Antoine de Mouchy, mort ! Charles Swann, mort !… Il ne reste plus que Perla Bertani à pouvoir compter les morts de ton « grand voyage ». Elle a 94 ans. Elle ne t’aime pas. Tu t’en doutes certainement. Pour elle, Montevideo c’était autre chose que la calle Brecha. C’était le Bazar Colon, les meubles français de la maison Caviglia, les chapeaux et les thés, les patins à roulettes sur l’esplanade devant l’Hôtel Prado. Toi tu n’as fait que t’abîmer à Montevideo ; tu as déboulé avec ta fortune dérobée qui t’allait mal et tu ne te perdais de vue qu’à l’aube venue, avec des prostitués du côté de Sarandi, dans des nuits blanches et poudrées qui entretenaient à merveille ta blessure. Tes livres, d’une certaine manière, ont commencé à s’écrire ici, dans ce temps perdu.
Proust et toi, c’est ce qu’il me fallait pour marcher ici. Luis-Eduardo Pombo, mort ! Orsini Bertani, mort ! Henri Calet, mort ! Elle va bien cette musique sur la ville et à ce moment où le dernier témoin d’une histoire humaine est proche de disparaître.

Maintenant je sais un peu comment Pombo parlait. Toutes les imitations qui sont faites spontanément de lui se ressemblent, alors j’en déduis qu’elles captent une part de réalité. Pombo arrondissait ses yeux et ses phrases, en même temps. Avec sa bouche et ses yeux il faisait durer des syllabes en un rond suspendu sur lequel, semble-t-il, s’accrochait pour rouler loin, le rire de ses interlocuteurs.
très affectueusement à toi,
Christophe Fourvel *
JbrJ...

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