Cinq nouvelles méticuleuses décortiquent les derniers feux de l’âme de femmes ou d’hommes au moment où leur vie sentimentale bascule. Parce qu’ils se sont confrontés à la lucidité. Chaque texte ici est comme une plongée dans les eaux inquiètes de la psychologie, de la solitude intérieure, à l’heure des bilans. Dans la première nouvelle, une femme vit quelques minutes d’un adultère platonique qui vont lui révéler le bovarysme dans lequel elle s’enfonçait. L’écriture d’Hélène Lenoir fait l’autopsie microscopique des relations sentimentales (amoureuses ou familiales) avec une inaltérable cruauté. Sa phrase emporte, dans ses vrilles, la pensée de ses sujets, jusqu’à leur faire perdre pied.
Arrivé au milieu de sa vie (à son entracte) chaque personnage fait l’expérience du vide : dans « L’Infidèle », l’héroïne se persuade du désamour de son mari, puis le voyant parti un matin, pense qu’il l’a quittée comme sa logique le voudrait. L’époux, en réalité, s’est rendu à un colloque à Genève. En réalité ? Mais le réel social n’est-il pas qu’une farce pour masquer la réalité sentimentale : la solitude, définitive, de tous ? De ces cinq microcosmes dépiautés au scalpel, le lecteur retient une douleur diffuse : celle que laisse la vie à marée basse.
L’Entracte de Hélène Lenoir
Éditions de Minuit, 124 pages, 12 €
Domaine français Derniers feux
juillet 2005 | Le Matricule des Anges n°65
| par
Thierry Guichard
Un livre
Derniers feux
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°65
, juillet 2005.