Ida B. et ses plans pour s’amuser à fond...
Editions Seuil Jeunesse
Katherine Hannigan brosse le portrait d’une enfant de neuf ans, mature et espiègle, lumineuse aussi. Une lumière qui, au fil de la lecture, se tamise et se ternit au plus fort de la souffrance de la petite fille. C’est la mère d’Ida B. qui incarne cette lumière irradiante qui s’éteint chaque jour davantage. Ida B. veut retrouver son « ancienne maman », celle d’avant la maladie (un cancer). Mais la vie familiale doit se réorganiser : les terres sont vendues et Ida B. doit renoncer à ses amis (les arbres du verger, la rivière) avec qui elle entretient des conversations édifiantes. Et le pire à venir est de devoir retourner étudier à l’école ! Devenue méfiante à l’égard de ses parents qui ne tiennent plus aucune de leurs promesses, elle tente à tout prix d’échapper à ce terrible destin. Elle se renferme sur elle-même et échafaude des plans de survie tarabiscotés qui ne fonctionnent jamais. Ces plans B insufflent au texte un humour salvateur. Car Ida B…, il faut bien le dire, est un roman où l’on rit pas mal. Une situation qui met parfois mal à l’aise le lecteur qui en vient à se demander si l’on peut rire de tout, en l’occurrence d’une situation familiale tragique. Mis en peine, il acquiesce cependant à l’humour qui l’emporte sur le tout. Ida B. a une façon de raconter ce cataclysme avec force métaphores et digressions qui confèrent parfois au non-sens et à l’absurde et qui donnent à ce regard d’enfant toute sa candeur et sa spontanéité, sans verser dans le mélodrame.
Ida B. et ses plans pour s’amuser à fond, éviter les désastres et (éventuellement) sauver le monde de Katherine Hannigan
Traduit de l’américain par Fanny Lard et Noémie Rollet, Seuil-jeunesse, 192 pages, 11 €