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Domaine français Cercle fatal

septembre 2005 | Le Matricule des Anges n°66 | par Richard Blin

Zol, 12 ans, vit dans une famille où les hommes, depuis « l’Allemand », sont une malédiction. Plein de fantômes, le roman de Guyette Lyr est un conte féroce.

La Saison des hommes

Conte cruel à l’image d’un monde sans pitié que ce nouveau roman de Guyette Lyr, le huitième. Zol, une fillette précoce et douée, aussi belle que sa mère, y jette sur les hommes, la société et l’Histoire, un regard impitoyable. Pendant la Seconde Guerre mondiale, sa grand-mère a aimé un Allemand, amour dont est née Alice, sa mère, que ne cessent de poursuivre l’opprobre et la médisance générale. Nous sommes au milieu des années 1980, dans la périphérie d’une ville de la côte ouest, en pleine ère du mélange, de la frime et du règne de l’image.
Enfant de l’amour et héritière de l’infamie, Zol vit un quotidien où le poids du passé le dispute aux valeurs du présent, et où figures désuètes des saints du catéchisme et vieilles diableries côtoient les stars télévisuelles. Elle subit, observe, agit. Chez elle, les hommes se succèdent, ceux qui passent comme ceux qui s’attachent quelque temps. « Ma mère est une lionne, sa crinière est blonde, elle étend ses pattes au soleil, elle laisse le soleil venir partout où il ne devrait pas et les hommes, visibles ou pas, se tiennent derrière la haie. Ceux du temps de la défunte avaient des casques et des fusils, on le sait ».
Alors elle rêve, s’évade dans les labyrinthes d’une imagination quelque peu morbide, dessine, chante, songe à son grand-père. « Mon grand-père c’est du vent, une odeur de mer, un bruit de vague, c’est la forme d’un blockhaus, c’est le regard d’Alice, les trous dans les photos et dans sa tête. (…) C’est la bouche fermée d’Alice quand je parle du musée de la guerre et de ses visiteurs. C’est l’attente d’Alice, son désir fou et sa crainte de revoir l’Inconnu ».
Si Zol a la lucidité douloureuse et la blessure lumineuse, elle sait aussi admirablement doser l’audace et les précautions. Refusant tout apitoiement sur soi-même, elle regarde en face une vie gouvernée par l’urgence, le tonnerre, les éclats, l’attente et les espoirs constamment déçus. Elle en devine même les dessous ténébreux comme la part sombre des âmes et des êtres. C’est ainsi que plutôt que de continuer à vivre dans l’attente d’un trop improbable miracle, et pour tenter de sauver sa mère écartelée entre la peur et le bonheur, la honte et la culpabilité, Zol va imaginer, avec toute l’amoralité propre à l’adolescence, une vengeance, un acte qui serait comme un exorcisme capable de métamorphoser en amour les malédictions du sexe. Elle aura pour cadre les festivités organisées pour célébrer la réconciliation franco-allemande. Une vengeance relevant d’une ruse digne de celle d’Ulysse « aux mille tours », le héros qui osa affronter la grande mer à ses risques et périls mer où a fini ses jours Lucie, la grand-mère, « le nez dans le sable, la tête tournée vers le blockhaus ».
Un roman sombre, sévère, féroce parfois, dont le mouvement centripète entraîne les fantômes de l’Histoire, les revenants, les innocents et les lecteurs dans sa spirale d’absolu, quelque part entre sacrifice et salut, bénédiction et malédiction.

La Saison
des hommes

Guyette Lyr
Actes Sud
225 pages, 19

Cercle fatal Par Richard Blin
Le Matricule des Anges n°66 , septembre 2005.