Le Zébu né d’un oeuf d’oiseau de paradis : un conte de Madagascar
Le Zébu né d’un œuf d’oiseau de Paradis sonne comme la promesse d’une histoire merveilleuse et cache en fait le terrifiant récit d’une petite fille prénommée Faravavy. On retrouve dans ce conte malgache tous les ingrédients des contes traditionnels dont le secret, la désobéissance, l’épreuve mais en guise de fin, pas de rédemption mais une trahison qui conduit à une punition sans appel. La famille représente ici le meilleur et le pire. Sous son aspect positif, elle est symbolisée par Faravavy qui, lorsqu’elle trouve l’œuf d’un oiseau de Paradis, le cache. Lorsque l’œuf éclôt, un zébu en sort. La petite fille va lui prodiguer les soins nécessaires à sa survie, le protège et lui donne de l’amour. Elle garde son secret pour elle seule durant une année entière, mentant à sa famille. Une famille redoutable que rien n’arrête, une ogresse en quelque sorte, qui pousse ses propres enfants au désarroi. Faravavy est trompée par ses parents et ses deux sœurs qui découvrent son secret. Le zébu est tué et dévoré. Face à cet acte de trahison, Faravavy va répondre de sa vie sous les yeux de ses parents.
La conteuse Muriel Bloch rapporte ce conte cruel, relégué cependant dans la dernière phrase au rang de « sornettes », dans une langue simple et sans effet de dramatisation. Le texte est imprimé sous une forme ronde, rassurante en regard des illustrations au pastel gras de Zaü, éclatantes de couleurs.
Le disque compact qui accompagne cet album joue aussi sur la distanciation. La voix de Muriel Bloch est douce, chantante et détachée. De la musique jouée avec des instruments traditionnels malgaches et de beaux chants rythment le conte le rendant plus accessible encore.
Le Zébu né d’un œuf d’oiseau de Paradis
de Muriel bloch, ill. de Zaü
Gallimard jeunesse/Ocora Radio France, « Contes du bout du monde », 16 €