Les éditions de L’Arche ont déjà publié deux textes de ce jeune auteur italien de 30 ans, Peanuts et Gênes 01 (une commande du Royal Court Theatre de Londres). Deux pièces très engagées traitant d’un même événement, la répression policière qui a frappé les manifestants altermondialistes lors du sommet du G8 qui s’est déroulé à Gênes en juillet 2001, causant la mort d’un jeune manifestant de 23 ans, Carlo Giuliani.
Avec la traduction de Nature morte dans un fossé, nous pouvons découvrir un troisième texte traitant là aussi de la violence du monde. Le théâtre de Fausto Paradivino est résolument politique. Ici l’auteur emprunte la forme du roman policier. Après la mort d’une jeune fille, retrouvée nue dans un fossé après avoir été rouée de coups et droguée, le lecteur suit le parcours de six personnages les quelques heures après le meurtre : le policier qui mène l’enquête, le petit ami de la jeune fille, sa mère, celui qui a découvert le corps, un indic de la police et une prostituée. La pièce est composée d’une succession de monologues. Et même si chaque personnage a une langue qui lui est propre, la lecture est vraiment plus proche du polar que du théâtre. Le suspense tient en haleine le lecteur. L’auteur cherche à montrer comment la violence est quotidienne alors qu’on voudrait la contenir dans un cercle précis. Comme le dit le policier Cop : « Je veux que ma victime ait vendu du sexe en échange de sa dose./ Je le veux pour neutraliser la violence./ Pour la rendre moins dangereuse./ Pour confirmer qu’ils ne se tuent qu’entre eux… » Pour finir par s’avouer que peut-être elle est bien moins prévisible… Vrai sujet de société aujourd’hui quand la violence semble tellement gratuite parfois, commise très jeune, presque irréelle, brouillant toute frontière entre le bien et le mal. Fausto Paravidino interroge notre monde comme il va mal, laissant sa pièce en suspens, puisqu’il amorce un nouveau cycle de violence dans lequel deux des six personnages se replongent illico, comme happés par une spirale.
Nature morte dans un fossé de Fausto Paravidino
Traduit de l’italien par Pietro Pizzuti, L’Arche, 100 p., 11 €
Théâtre Vie-violence
juillet 2006 | Le Matricule des Anges n°75
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Vie-violence
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°75
, juillet 2006.