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Poésie Quasimodo en son île

juillet 2006 | Le Matricule des Anges n°75 | par Éric Dussert

Fruit de la collaboration désormais régulière de Patrick Reumaux et de la Librairie Élisabeth Brunet, Et soudain c’est le soir, de l’Italien Salvatore Quasimodo comble avec ostentation et en version bilingue une lacune de l’offre éditoriale française. Né en 1901 à Modica, en Sicile, ce prix Nobel (1959) fut l’égal de Giuseppe Ungaretti et de Eugenio Montale sans qu’on parvienne à le découvrir tout à fait de notre côté des Alpes. Une bizarrerie que n’explique assurément pas le relatif scandale de ses propres traductions iconoclastes des lyriques grecs (Anacréon, Alcée ou Sapho). Il revenait à Patrick Reumaux, poète et traducteur chevronné, d’arpenter les terres d’abord hermétiques puis ravagées de soleil, de sommeil, d’ombres et de mort où émergèrent peu à peu la pierraille, les hauts corbillards et les concasseurs « dans les solitudes stélaires ». Il fallait à cette poésie établie contre l’action, une traduction musicale, dressée à faire écho aux rares ruisselets de Sicile.
On pourrait citer « L’eau fait pourrir les loirs », « Vie cachée », ou encore « Métamorphoses dans l’urne d’un saint », ou reprendre les compliments d’Armand Guibert. On peut tout aussi bien se fier au métier de Patrick Reumaux qui traduisit Edgar Leemasters et Emily Dickinson. Il sait livrer l’exact « poids des mots ». « Je parle de la vraie quantité de chaque mot », expliquait Quasimodo, l’arpenteur des travaux publics, qui malgré les souffrances, le doute et les difficultés, ne lestait jamais d’une plume d’édredon superfétatoire son amoureuse endormie. « Devenue branche/ sur ton flanc fleurit/ ma main. » Posé sur les vers de Quasimodo, notre œil devient loupe, et le feu jaillit.

Et soudain c’est le soir de Salvatore Quasimodo
Traduit de l’italien par Patrick Reumaux
Librairie Élisabeth Brunet, 239 pages, 19

Quasimodo en son île Par Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°75 , juillet 2006.
LMDA papier n°75
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LMDA PDF n°75
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