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Domaine étranger L’Histoire raccourcie

février 2007 | Le Matricule des Anges n°80 | par Lucie Clair

Quand la littérature militante relevant de la caricature hâtive et des condamnations à l’emporte-pièce pourrait bien délivrer un message plus ambivalent.

Un sultan à Palerme

Quelque chose de pourri au Royaume-Uni

Libéralisme et terrorisme
Editions Raisons d'agir

Les relations entre l’Islam et l’Occident sont un des points névralgiques de notre siècle et de constater que la tentation de trancher ce nœud gordien d’un geste auguste chatouille plus d’une plume polémique.
Tariq Ali, le « brown sahib » des années 1960 appartenant à la frange des jeunes Pakistanais étudiants d’Oxford après l’Indépendance, ancien trotskyste militant contre la guerre du Vietnam reconverti dans le Forum Social Mondial, est aujourd’hui un porte-parole flamboyant, arguant de la philosophie des Lumières, de la fin des illusions théocratiques et des combats contre l’impérialisme, au premier chef celui de « l’Empire Américain », mais aussi des fondamentalismes de toutes sortes. Ses deux dernières parutions en français s’engouffrent dans la tendance.
Un sultan à Palerme est le premier d’une série de cinq romans historiques, qui, si l’on en croit la quatrième de couverture « évoquent chacun un moment où éducation et culture étaient synonymes d’un Islam en parfaite coexistence avec le monde chrétien ». Enfin un livre sachant puiser dans la sagesse et le recul historique des aperçus d’humanité dont nous sommes aujourd’hui si privés. Sauf que, à Palerme, en 1153, à quelques mois du décès du roi Roger II, l’ambiance entre chrétiens et musulmans n’a rien à envier à certains événements d’aujourd’hui. Spoliations, viols, meurtres, assassinats politiques on se demande quand et comment ils ont pu s’entendre. Et rien qui permette de comprendre ce que fut l’équilibre subtile du règne de Roger II.
Le roi, parjure à sa parole et aux musulmans qui l’ont servi, est un lâche capable d’acheter le géographe Idrisi en lui offrant la femme qu’il aime, la veille de la condamnation de son fidèle amiral Philippe de Mahdia et leur ami commun. Héros peu substantiel, Idrisi personnage historique réel et auteur du plus complet des atlas médiévaux a si peu de conscience politique qu’il n’y voit que du feu. Ramené au rôle d’étalon paradant en tête d’une progéniture profuse pour satisfaire aux appétits de ses femmes, il erre d’un bout à l’autre de l’île et serait peut-être une figure de l’Islam modéré séduisante s’il n’était si défaitiste. En épilogue, sa descendance plus batailleuse, contrainte sous le règne de Frédéric II à l’exode, crée une nouvelle diaspora, symbolisée par l’arrivée du dernier d’entre eux… en Palestine… Il doit y avoir là quelque allusion subtile à notre actualité.
On se sent lésé. Pas seulement par cet effet d’annonce (marketing ?) de l’éditeur, mais parce que le roman mine de lui-même la véracité de son postulat syncrétique : la figure de « l’Eprouvé », défenseur du « Lumpen Proletariat » et fomentateur de la première révolte agraire « inspiré à la fois par Allah et par le grand Satan » comme l’extrémisme religieux du procès de Philippe, « consumé par les flammes vengeresses. Ainsi celui qui refusait la chaleur de l’amour sentira la brûlure du feu, et il ne restera pas trace de cet être vil entre tous » s’inscrivent dans une ambiance morbide : « Un mode de vie qui protège les intérêts de tous est un mode de vie pour lequel on est prêt à mourir », morne et sans finesse où les protagonistes sont réduits à de pauvres esquisses caricaturales : « L’évêque, apprenant que son trésor allait être augmenté et des âmes sauvées, passa en hâte sa soutane, repoussa l’éphèbe qui était dans son lit et se dépêcha d’aller accueillir les pèlerins »… pour mieux se faire massacrer, à la grâce d’Allah. En filigrane défile un message bien plus violent (et inquiétant), de l’impossible réconciliation de deux dogmes et d’une lutte finale (rédemptrice ?) qui ne peut être que sanglante… ou humiliante.
Quelque chose de pourri au Royaume-Uni en analysant les implications de la politique de Tony Blair en Irak et dans sa lutte anti-terroriste en Angleterre à coup de poncifs : « Lorsque l’Etat recourt à la terreur, il déclenche une réaction parallèle » appuie l’effet de diabolisation des systèmes religieux ou autres laissant entendre qu’il ne reste qu’à s’en remettre au dogme stigmatisant, et donc à la vision éclairée de son détenteur. Le procédé est connu. Les effets aussi. Surtout quand ils sont si virulents et totalisants.

Tariq Ali
Un sultan
à Palerme

Traduit de l’anglais par Diane Meur
Sabine Wespieser éditeur
351 pages, 24
Quelque chose de pourri au Royaume-Uni
Libéralisme
et terrorisme
Traduit de l’anglais par Jean-Luc Fidel
Raisons d’agir
141 pages, 6

L’Histoire raccourcie Par Lucie Clair
Le Matricule des Anges n°80 , février 2007.
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