Un vieux général s’illustre à « flanquer une raclée » à un pays peuplé selon lui de va-nu-pieds et remporte dans la foulée l’élection présidentielle américaine cela vous rappelle quelque chose ? C’était en 1848, le douzième président des États-Unis s’appelait Zachary Taylor. Il succombera deux ans plus tard, d’indigestion épisode presque annoncé dans les portraits dressés par Herman Melville pendant la campagne électorale pour le journal satirique Yankee Doodle. Le Vieux Zack est le recueil de ces articles, en neuf anecdotes, épinglant les travers du candidat et son embonpoint, autant qu’il tourne en dérision le discours propagandiste non, on dit : électoraliste du « Héros de Buena Vista » : « On a souvent vanté la simplicité du vieux Zack (…) Mais on sait peu, sans doute, qu’il lave lui-même son linge. » S’ensuit une séance épique de ravaudage digne du manuel de la parfaite ménagère ou, visant dans l’œil les puritanismes de la Nouvelle Angleterre, tel incident d’une punaise fichée malicieusement par un « jeune tambour » dans la selle du Vénérable, déchirant son pantalon provoquant force proclamation de la félonie de l’ennemi mexicain capable de fomenter pareille « abominable insulte faite à la nation Américaine par le diabolique outrage commis sur la personne du Général en Chef »… Les temps ont passé, le ton, lui, n’a pas beaucoup changé…
Ne pas manquer l’étude « physiologique par un chirurgien de l’armée au Mexique », l’offre d’emploi de Barnum, ni le chapitre désopilant des manières de table du Général avec en prime une recette, testée par l’éditeur, des douillons de pommes ou « apple-dumplings » car que demander de plus à la littérature que de nous égayer et de nous nourrir, sinon de conserver cette virulence de belle santé ?
Le Vieux Zack d’Herman Melville - Traduit de l’anglais par Guy Chain, Finitude, 63 pages, 10 €
