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Jeunesse Les mauvais coups

mai 2007 | Le Matricule des Anges n°83 | par Malika Person

Avec son premier roman jeunesse, Martin Page aborde le thème de l’enfance maltraitée dans un style épuré, sans se départir de son habituelle fantaisie.

Le garçon de toutes les couleurs

L’enfance, c’est pas de la tarte ! Martin Page le souligne à sa façon dans ce roman sous forme d’apologue, un jeu subtil entre récit et moralité qui requiert (et c’est là sa force) l’intelligence complice du jeune lecteur et sa liberté d’interprétation. Un moyen de dénoncer indirectement l’idée taboue de la maltraitance des enfants par l’autorité familiale, et plus précisément le père et la mère.
Comme dans le conte philosophique, la leçon est progressive et implicite. Martin Page use de la métaphore et de l’antiphrase. Redoutable mécanique pour ce récit bref à la structure narrative simple où l’auteur distille la fantaisie, les éléments comiques et l’ironie, suscitant le rire dans des situations parfois préoccupantes.
Au plus fort de l’intensité dramatique, Martin Page cultive l’ellipse et la concision. Par exemple lorsqu’il aborde l’épisode où Clémence, une jeune adolescente extravertie et solitaire, découvre en compagnie d’Oscar, son tuteur fantôme, le secret de son camarade de classe, celui que l’on appelle « Le garçon de toutes les couleurs », à cause des « taches de couleur » sur sa peau. « Oscar prit Clémence dans ses bras et poussa sur ses jambes. Ils s’élevèrent dans les airs. En flottant, ils se placèrent devant l’appartement de Simon (…). Tout semblait idéal, jusqu’au moment où… » La scène n’est pas décrite. C’est le bref dialogue qui s’ensuit, entre Oscar et Clémence, qui révèle l’intensité des coups portés par les parents de Simon à leur enfant. Lorsque Clémence décide de réagir en révélant ce secret, elle en parle à Simon. Terrorisé, il refuse son aide. L’adolescente passe outre l’interdiction de Simon et rencontre ses parents. Quelques jours plus tard, le jeune garçon succombe aux coups.
Martin Page va jusqu’au bout d’une logique psychologique implacable, sans effet dramatique ostentatoire : la caractérisation du personnage de Simon étant réduite à l’essentiel, le lecteur n’en ayant qu’une perception fragmentaire, l’auteur accentue l’étrangeté du personnage et éloigne le lecteur de tout sentiment pathétique.
Dans Le Garçon de toutes les couleurs, les vies quotidiennes sont moroses, peu touchées par le bonheur. Clémence, Simon et Oscar incarnent trois solitudes qui peinent à se rencontrer, à créer une solidarité. Oscar, le fantôme, ambassadeur du Groënland, est un peureux, chargé de veiller sur Clémence en l’absence prolongée de ses parents cambrioleurs en cavale. Dans cette tragi-comédie, la présence d’Oscar joue un rôle symbolique important. Par sa condition fantomatique, il représente l’intemporalité du récit qui signale l’enjeu universel et métaphysique du propos mais souligne aussi l’omniprésence de la mort et, par ailleurs, incarne l’absence très remarquée des parents de Clémence qui tente de construire seule sa propre personnalité.
Dans cet univers parisien décalé, l’auteur brosse des portraits d’anti-héros attachants par leur fragilité extrême, beaux dans leur immense solitude, dans leur enfance volée, leur vie perdue. Martin Page joue avec le détournement (les bonnes intentions de Clémence se retournent contre Simon), le décalage (les parents de Simon seront enlevés puis envoyés aux travaux forcés au Groënland), le télescopage (le monde réel et le fantastique) avec une volonté de créer parfois des chocs émotionnels (tristesse et joie) et de proposer différentes problématiques que le lecteur n’a plus qu’à activer. Le Garçon de toutes les couleurs convainc parce qu’il fait appel aux sentiments par une fiction qui se rapproche du réel où le lecteur tire lui-même sa propre interprétation.

Le Garçon
de toutes
les couleurs

Martin Page
L’École des loisirs, « Neuf »
92 pages, 8

Les mauvais coups Par Malika Person
Le Matricule des Anges n°83 , mai 2007.
LMDA papier n°83
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LMDA PDF n°83
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