Rodrigo García l’annonce d’emblée : ses textes ne sont que souvenirs et résidus des créations théâtrales, chaque mot étant pour lui « lié à un corps en sueur ou sali par de la boue et du miel, à une voix distordue par la fatigue ou la nervosité… »
Une petite précision, Rodrigo García, sous
la menace de poursuites judiciaires a dû changer son titre qui était au départ Et balancez mes cendres sur Euro Disney. Vingt-six courts textes égrènent des pensées comme dans un journal et racontent nos vies marchandisées, notre incapacité « à accompagner un instant vers la plénitude », nos petits massacres quotidiens. Des pensées qui prêtent à sourire, à réfléchir et même à râler de désaccord. Approche de l’idée de méfiance est construite de la même manière, avec cette séquence d’un homme qui raconte comment chaque matin il se filme en mangeant un Dunkin’Donuts histoire, quand un cancer se sera déclaré, de pouvoir toucher plein de pognon en attaquant Dunkin’Donuts. Le corps qui se détruit avec de la nourriture est comme le symbole de nos dérives. Un corps au centre de l’œuvre, effectivement plus que les mots.
Les Solitaires intempestifs publient dans le même temps un ouvrage théorique. Bruno Tackels donne une mise en perspective plutôt intéressante des lignes fondatrices du travail de Rodrigo García. Même s’il dénigre un peu trop facilement ceux qui ne sont pas d’accord avec son analyse. Le mérite de ce livre est aussi dans son post-scriptum la reprise d’un texte de García publié en 2002, Un des crétins peints par Vélasquez parle, un petit manifeste en colère pour créer d’autres cadres à notre quotidienneté.
L. C.
Et balancez mes cendres sur Mickey (suivi de) Approche de l’idée de méfiance de Rodrigo García, traduit de l’espagnol par Christilla Vasserot, Les Solitaires intempestifs, 96 pages, 12 € et Rodrigo García « écrivains de plateau IV » de Bruno Tackels, les Solitaires intempestifs, 112 pages, 11 €
Théâtre Textes détritus
septembre 2007 | Le Matricule des Anges n°86
| par
Laurence Cazaux
Des livres
Textes détritus
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°86
, septembre 2007.