La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine étranger Brèves rencontres

septembre 2007 | Le Matricule des Anges n°86 | par Lucie Clair

L’Allemande Zsuzsa Bánk livre un recueil aux allures d’album-photos prises en mémoire de départs. Une écriture minutieuse qui révèle nos émotions cachées.

Une femme revient pour une conférence dans sa ville natale et se retrouve face à ses souvenirs, incarnés soudain par une jeune fille qui a grandi trop vite, ou trop loin d’elle, dans l’attente d’un retour. Le temps est restreint pour aller plus avant qu’une ébauche de retrouvailles dans cette cité de l’Est innomée mais les décors ne trompent pas : Budapest, ou Sofia, peut-être. Promenade dominicale en famille, pas la sienne, celle, encore plus émouvante, par sa tolérance, sa douceur, ses attentions discrètes, des amis d’enfance. « Le dernier dimanche » est la nouvelle qui ouvre le recueil de Zsuzsa Bánk, dont le titre L’Été le plus chaud contraste avec la couverture choisie par Bourgois, un paysage glacé et des arbres enneigés. Rencontre des contraires, oxymore visuel en reflet des douze récits élaborés autour de l’attente, non pas celle, active et concrète, des projets, mais issue presque malgré elle des espérances portées en secret, révélées par les circonstances, soudain glaçantes, déjouant leur aboutissement, et fabriquant à leur tour la matière d’autres attentes à venir.
L’imagination est la roue de nos actions, de nos tentations, de nos passions, travail de l’esprit très ordinaire, élaboration discrète de ce que devrait être une relation, une maison, un moment, anodine au point de passer inaperçue nous sommes si peu conscients de ce que nous ressentons souligne Zsuzsa Bánk avec élégance sauf à surgir d’un trait à l’occasion de ces temps repliés sur eux-mêmes que sont les départs, les séparations. Pour Lydia, sa fuite vers Londres ne pose d’autre question que celle de sa date pour Vicky, son amie ? sa sœur ? le départ a créé la vie imaginée, dans le désir du maintien d’une communauté de cœur, de l’accomplissement de la promesse « quand nous serons vieilles, toi et moi, toutes vieilles, nous nous aurons l’une l’autre, toujours, ou de nouveau » vision dont une visite aura raison : « il n’y aura pas de vieillesse pour nous deux, du moins pas comme Lydia l’a imaginé ».
Relecture des espoirs forgés par les moments forts partagés, chaque nouvelle choisit de s’inscrire dans la symbolique de la porte qui s’ouvre pour livrer le monde à celle qui s’éloigne ou se referme derrière le visiteur, les deux mouvements s’enchaînent d’un récit à l’autre et pose un regard sensible sur l’instant où les yeux se décillent sous la force de l’évidence occultée, par l’idée que l’on se fait d’une personne aimée ou du lieu chéri, par l’impossibilité de ne pas en attendre quelque chose qui corresponde à ce que l’on avait imaginé. Il faut un peu de distance, un éloignement, dans le temps ou l’espace, pour que se manifeste un renversement visible à ceux qui restent, il est inatteignable. Il est le fruit de ce va-et-vient entre rêve et réalité, entre construction et manifestation, passé et présent, du retour sur les lieux de l’enfance à l’âge adulte, phénomène que seule la séparation peut engendrer, avec sa perte diffuse, presque indolore, tant elle paraît banale. Dilution du lien par les kilomètres qui autorise la fulgurance de l’intuition, de la prise de contact avec le changement et c’est la force de Zsuzsa Bánk de révéler avec retenue et une langue épurée les subtilités de nos vacillements intimes, les épisodes des relations devenues incertaines.
Née en 1965 à Francfort de parents hongrois émigrés après la répression de l’insurrection de Budapest en 1956, Zsuzsa Bánk a été libraire et journaliste avant de publier un premier roman très remarqué et primé en Allemagne, Le Nageur (Christian Bourgois, 2005). Discrète et souvent relayée par le bouche à oreille, Zsuzsa Bánk peut passer inaperçue dans le déluge des productions littéraires de cette rentrée, et ce serait dommage. Dans ses nouvelles souffle la langue du vent, tour à tour bora et sirocco, entre le Canada, l’Italie, New York et l’Australie, un vent qui lave le ciel de ses humeurs et rend la vie un peu plus cristalline.

L’Été le plus chaud
Zsuzsa BÁnk
Traduit
de l’allemand
par Olivier Mannoni
Christian Bourgois
187 pages, 17

Brèves rencontres Par Lucie Clair
Le Matricule des Anges n°86 , septembre 2007.
LMDA papier n°86
6,50 
LMDA PDF n°86
4,00