Henri Girard, qui deviendra Georges Arnaud après le procès, fut accusé d’avoir assassiné son père, sa tante et la bonne, à coups de serpe. Les jurés d’assises l’innocenteront en 1943, mais le mal est fait : dix-neuf mois derrière les barreaux, ça bousille un homme. C’est la plume entre les dents que le futur auteur du Salaire de la peur, ravagé par l’injustice, la faim et la brutalité des gâffes (gardiens), hurle sa rage à ses bourreaux : « Salauds, salauds de merde, enculés de salauds de merde, mais je vous hais, je vous chie, je le crie. Cognez ma tête à vos pavés, vous payerez. » Radical et douloureux, Schtilibem 41 vaut par le lexique argotique qu’utilise Arnaud, comme pour mieux défier l’ordre établi. En guise de préface, Pierre Mac Orlan apporte son éclairage sur la « présence sentimentale des langues d’argot. »
(Finitude, 75 pages, 11 €)
Histoire littéraire Le salaire de la liberté
mars 2008 | Le Matricule des Anges n°91
Un livre
Le salaire de la liberté
Le Matricule des Anges n°91
, mars 2008.