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Théâtre La poudre et la farce

mars 2008 | Le Matricule des Anges n°91 | par Etienne Leterrier-Grimal

Le théâtre de Dejan Dukovski explore les tourments de l’identité macédonienne, entre chaos, violence, et reconstruction par le rire.

Baril de poudre (suivi de) Balkan’s not dead (suivi de) L’Autre côté

Quel est l’enfoiré qui a commencé le premier ? » Les trois pièces de Dejan Dukovski publiées par les éditions L’Espace d’un instant donnent à cette interrogation inhérente à tout déchaînement de violence trois réponses différentes, en offrant de son œuvre trois aperçus distincts. Baril de poudre fait exploser l’action dramatique et laisse place à une succession de onze fragments que plus rien ne relie. Seule la présence à chaque nouvelle scène d’un personnage de la scène précédente et la fureur constante des échanges qui se déroulent entre les protagonistes conservent le sentiment d’une progression. Trahisons, vengeances, agressions, passage à tabac, harcèlement s’y succèdent. Mais bien loin de chercher à l’encadrer ou à la résoudre, le théâtre de Dejan Dukovski décline cette agressivité en tout lieu, dans le bus, la prison, dans la rue ou sur un banc public, dans les bars et dans les trains. Agissant comme un révélateur, le théâtre montre comment la brutalité peut s’ériger en système, et diagnostique les maux d’une société que plus rien ne semble gouverner. Ainsi court d’une scène à l’autre, d’une pièce à l’autre, cette traînée de poudre qui relie tous les personnages entre eux. Violence et sexe, alcool et solitude sont les seuls dieux d’un quotidien que la guerre a privé de signification réelle : « Les hommes meurent et s’aiment. Ils se violent et s’entretuent. C’est une histoire pas trop mal, avant de te tuer. Hein ? Pour la fin. Réfléchis. » Dans L’Autre Côté, les personnages parlent avec des marionnettes dont ils ignorent qu’elles sont leur propre simulacre.
Ce que le théâtre de Dejan Dukovski concède à la représentation d’une société prête à exploser, il semble vouloir le relativiser dans Balkans’ not dead, une pièce au sujet national étonnante de fraîcheur et d’ironie mordante : « Honorable assistance ! Quelle chance. (…) Un grand théâtre est arrivé chez vous (…). Des Macédoniens qui vous parlent des Macédoniens. Venez voir vos propres tourments. L’oppression qui pèse sur vous. Une jeune fille, elle meurt, mais pas question de se faire turque ! L’innocence outragée de la Macédoine. Belle à en pleurer, et brave comme cent un koumitas ! Mort aux méchants Turcs et liberté des vierges macédoniennes. Tout plein de sang à la fin… » Reprenant en effet le modèle des pièces du théâtre patriotique du dix-neuvième siècle, notamment Noces de sang macédoniennes, de Vojdan Cernodrinski, Dejan Dukovski en propose une version nouvelle et pleine d’humour. Au manichéisme de rigueur (la lutte des vertueux koumitas macédoniens contre les méchants occupants turcs) viennent s’ajouter un grossissement caricatural et une réactualisation qui donnent à la pièce les aspects d’une farce identitaire. À l’heure où les Balkans n’en finissent pas d’accoucher de nouveaux États, Balkans’ not dead prend donc le parti d’accorder à l’idée patriotique ni plus ni moins qu’une considération circonspecte et distanciée. Son théâtre en ressort soudain plus optimiste, et porteur, malgré tout, d’une légèreté salvatrice.

Baril de poudre
suivi de
Balkans’ not dead
et L’Autre CÔté
Dejan Dukovski
Traduits du macédonien
par Frosa Pejoska, Jeanne Delcroix-
Angelovski et Harita Wybrands
L’Espace d’un instant
246 pages, 15

La poudre et la farce Par Etienne Leterrier-Grimal
Le Matricule des Anges n°91 , mars 2008.
LMDA PDF n°91
4,00