Julien, un garçon d’une douzaine d’années, habite en face d’un café. Il observe souvent les clients à la jumelle, et il a choisi Pascal, un homme de quarante ans, comme un possible père de substitution. Pour lui, Pascal est en effet le plus intéressant et le plus mystérieux des clients. Et puis il l’imagine avoir un point commun avec lui : être tout ce qu’il y a de plus agaçant. Un midi d’avril, Julien s’invite donc à la table de Pascal, alors en pleine résolution de mots croisés. La rencontre interloque suffisamment ce dernier pour qu’il laisse pénétrer ce jeune garçon culotté, teigneux, impertinent et drôle dans sa sphère privée. On va ainsi suivre treize rencontres, une par mois, pendant toute une année. Daniel Keene relate une histoire très tendre et délicate. Pour lui : « La pièce s’attache à décrire la naissance et l’évolution d’une intimité particulière ; il se pourrait même qu’elle permette de révéler que les gens, dans leurs motivations et dans leurs actes, peuvent être parfaitement innocents. A la fin, Julien aime Pascal pour ce qu’il est, comme un ami, et non comme un père de substitution. Il a offert à Pascal le cadeau qu’il désirait pour lui-même. Cela pourrait bien être une définition de l’amour. »
On n’a pas l’habitude de lire des histoires simples et heureuses au théâtre. La narration de la naissance et de l’évolution de cette relation crée une petite bulle de légèreté dans notre monde de pesanteur. Elle donne à imaginer ou à rêver dans la manière d’inventer notre relation aux autres, dans notre disponibilité pour prendre le vrai temps de l’échange. Ou comment par la tendresse et la délicatesse, on peut inventer, un peu, de beauté légère et libre.
L’Apprenti de Daniel Keene - Traduit de l’anglais par Séverine Magois, Éditions Théâtrales jeunesse, 88 pages, 7 €
Théâtre L’apprenti père
juin 2008 | Le Matricule des Anges n°94
| par
Laurence Cazaux
Un livre
L’apprenti père
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°94
, juin 2008.