La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine étranger Les Armées

septembre 2008 | Le Matricule des Anges n°96 | par Etienne Leterrier-Grimal

Ismaël habite à San José en Colombie une jolie maison fleurie, où poussent des orangers, où vivent des perroquets et deux chats. Cueillir ses oranges, espionner sa voisine Geraldina qui bronze nue dans le jardin d’à côté, ou siroter un jus de curuba chez Chepe sont ses occupations favorites : Eden originel. Bien vite cependant, la guerre arrive à San José. Paramilitaires ? Gouvernementaux ? Guérilleros ? Pour les habitants, rançonnés, capturés, assassinés, « les armées » se suivent et se ressemblent toutes. Parmi les premières victimes enlevées, Otilia, la femme d’Ismaël. Tout autour, les villageois disparaissent au rythme où tombent les bombes ; les chats explosent sur des grenades, les arbres et les maisons brûlent et les perroquets sont retrouvés morts au fond des piscines.
Le professeur à la retraite, épargné des balles, reste le spectateur impuissant de cet épouvantable gâchis et traîne bientôt sa carcasse d’une ruine à l’autre. En décrivant la mutation d’un Eden originel délicieusement sensuel en Enfer où la violence est anonyme et aveugle, Evelio Rosero fait résonner l’irruption de la brutalité corruptrice jusqu’au sein de la narration. Dans un monde en ordre, que seul troublait le désir, tout récit était possible, la narration d’Ismaël suivait des chemins cohérents. Au cœur même de l’horreur, le vieillard claudiquant abandonne toute cohérence au profit d’images féroces, d’impressions fugitives et de visions fantastiques. « C’est sans doute ça la folie, (…) savoir qu’en réalité le cri est muet, on ne l’entend qu’à l’intérieur, réel, très réel ». Evelio Rosero offre dans Les Armées un texte subjectif aux contrastes terribles, où la brutalité éclate de façon scandaleuse, posant la question de sa maîtrise par le récit et de la possibilité de sa représentation.

LES ARMÉES
d’EVELIO ROSERO
Traduit de l’espagnol (Colombie) par François Gaudry, Métailié, 160 pages, 17

Les Armées Par Etienne Leterrier-Grimal
Le Matricule des Anges n°96 , septembre 2008.
LMDA papier n°96
6,50 
LMDA PDF n°96
4,00