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Arts et lettres Les vieux mariés

octobre 2008 | Le Matricule des Anges n°97 | par Gilles Magniont

L' Etrange beauté du monde

Illustration(s) de Léa Lund
Editions Noir sur Blanc

Venise, selon Stendhal que cite Pajak, la « facilité de faire connaissance » est « étonnante ». « On s’assied à côté d’une femme, on se mêle sans façon de la conversation, on répète trois ou quatre fois ce procédé ; si l’on se plaît on va chez elle et en quinze jours, à la première fois qu’on se trouve en gondole, on la branle ». Par plaisir, partons de là, sauf que la phrase ne peut guère donner idée du livre, sauf à titre de contrepoint. Car ce n’est pas aux liaisons que s’attache ce récit « écrit et dessiné », mais à l’amour conjugal, celui où l’on est « si loin de la séduction ». Une conjugalité ici mise à l’œuvre : le texte est de Pajak, les crayons et fusains de son épouse, Léa Lund. De cette association, on craint d’abord le pire, quelque eau profonde où ils se contempleraient niais et obscènes. Mais la trousse est remplie d’objets hétéroclites, empruntés à l’ « étrange beauté du monde » entrevue dès le titre : citations souvent mémorables, miroirs des couples illustres, ceux-là suicidés (comme Paul et Laura Lafargue) ou éphémères (voir Stendhal et caetera), périples plus ou moins curatifs qui mènent les duettistes, acharnés à échapper à la banalité ou à la rupture, d’une auberge de charme transalpine et ridicule, sous un ciel « où même les étoiles ont été restaurées une à une », jusqu’à la violence menaçante de l’Afrique du Sud, dernier « échiquier » où mari et femme viennent à se jauger… Erratique et irrégulière, cette manière sait dissuader les stations trop prolongées ou les architectures trop franches, d’autant que le rapport des dessins au discours est parfois mystérieux, en tout cas assez souple : « Je lui ai proposé d’écrire à côté de ses dessins, sur nous, sur notre vie de couple, avec désinvolture, sans qu’elle en sache davantage », annonce Pajak au tout début.
On a l’impression que cet à-côté permet d’adoucir le heurt des images, celles-là alternativement hyperréalistes et stylisées, fantastiques ou charnelles - « Elle aime le corps, j’aime la tête ». Non pas que la prose arrondisse les angles et prétende délivrer des vérités rassurantes : « Le couple c’est le paradis. On dit que c’est aussi l’enfer, un enfer qui aurait l’apparence d’un sac de ménage usé dans lequel les amants se débattent et s’étouffent, les yeux collés sur le plastique, incapables de voir le beau dehors avec ses airs de paradis. » Douceur paradoxale alors de cette belle écriture classique, laquelle ne traque pas la vérité à coup de démonstrations et d’autopsies, mais se laisse traverser par les passions et les humeurs : « Notre bêtise est insondable. Nos discussions sont quelquefois si navrantes que nul ne pourrait les entendre ni les rapporter ». Un voile est maintenu, qui recouvre encore les pages poignantes consacrées à la mort de la belle-mère de Pajak, « couture secrète » d’un livre délicatement dédié « A nos mères ».

L’Étrange Beauté du monde
de Frédéric Pajak et Léa Lund
Éditions Noir sur blanc, 270 pages, 27

Les vieux mariés Par Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°97 , octobre 2008.
LMDA papier n°97
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