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Domaine étranger À l’Ouest, au nom de la loi

mars 2010 | Le Matricule des Anges n°111 | par Pascal Jourdana

Enfin publié en France, un grand roman américain nourri de mythe et d’histoire, jalon manquant d’une perception littéraire du Far West.

Il est déstabilisant de lire un western, tant on connaît ce genre par le cinéma, à qui revient le mérite de lui avoir donné sa légitimité artistique tout en le chargeant de chromos dont il est désormais difficile de se dépêtrer. C’est le cas pour Warlock d’Oakley Hall, adapté au cinéma en 1959, un an à peine après sa parution, par Edward Dmytryk, réalisateur aussi ambivalent que certains des personnages de ce livre incarnés par Henry Fonda, Anthony Quinn ou Richard Widmark. Malgré le succès du film, L’Homme aux colts d’or, malgré une chronique littéraire élogieuse de Thomas Pynchon, ce gros roman n’avait jamais été traduit et il a fallu pour le découvrir en France toute la force de conviction du romancier et traducteur David Boratav. Le Matricule des anges a d’ailleurs publié (N°108) un article de ce dernier où il revient sur le destin de ce livre, son statut de « western postmoderne » et ses qualités littéraires, en particulier la virtuosité de ses changements de rythme. Ajoutons à cela la préface inédite de Rick Bass qui note que « plus le roman avance, plus il s’enrichit d’une accumulation presque désespérée de strates métaphoriques », et l’on comprendra qu’il faut lire ce livre selon des grilles parfois antagonistes : le code de références cinématographique (mais aussi romanesque, car, non sans ironie, on y trouve un dénommé Bane, « concocteur de romans bon marché sur l’Ouest américain ») ; l’Histoire des États-Unis et de La Frontière, nourrie de réalités et de légendes ; enfin, sa propre matière romanesque, ample, singulière, déroutante.
Warlock est tout sauf un roman conventionnel, même s’il est question d’une petite ville dans la poussière du désert, sur La Frontière en 1880, de trahisons, de duels de tirs, d’attaque de diligence, de tyrannie imposée par une poignée de bandits, de foule prête à lyncher des prisonniers, de scènes de saloon où la tension des regards peut dégénérer à tout instant en fusillade… Même si le « comité de citoyens » y engage un tireur d’élite charismatique, Blaisedell, ou que le roman regorge de frères ennemis (les Gannon), de femmes saintes (Jessie) ou diaboliques (Kate Dollar)… Et même si le récit, découpé en trois livres et un épilogue, forme empruntée au théâtre grec, se situe dans une tradition tragique du western, parenté renforcée par le Journal de Henry Holmes Goodpasture qui ponctue le roman comme un chœur antique. Mais ce Journal précisément s’ouvre sur l’inverse du thème attendu de la fatalité. Constatant que « notre destin est façonné par nos actes, aussi insignifiants soient-ils », le roman donne le ton : il s’agira de la responsabilité des hommes face à leur sort, collectif et individuel. Thème central, éminemment contemporain, et aux implications inépuisables, ce qu’indiquent les très nombreux dialogues où chacun ne cesse de s’interpeller, de marquer ses doutes, de vouloir exposer la justesse d’un point de vue en réalité versatile. Loin du manichéisme imposé, les personnages y exhalent un sentiment de culpabilité, ont plusieurs visages, possèdent un passé encombrant.
Sur le plan collectif, c’est une réflexion sur la justice et la société. Que peut faire une communauté face aux violences ? Faire appel à la loi, alors même qu’elle est inappliquée ? Engager un marshal, autrement dit accepter que les plus riches citoyens créent une milice pour protéger leurs propriétés ? Pour quel nouvel ordre ? Pas de conservatisme chez Oakley Hall, ni de position réactionnaire, au contraire de ce que propose le plus souvent le genre. Est-il besoin alors d’enfoncer le clou en notant que la situation socio-économique de Warlock est explosive : des richesses minières en péril, un patron despote qui méprise ses employés ? Oui, Warlock est un roman tout à fait contemporain, et le Far West n’est pas si loin.

Warlock de Oakley Hall - Traduit de l’anglais (États-Unis) par David Boratav, préface de Rick Bass, Passage du Nord-Ouest, 768 pages, 24

À l’Ouest, au nom de la loi Par Pascal Jourdana
Le Matricule des Anges n°111 , mars 2010.
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