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Domaine français Sueur de sang

novembre 2010 | Le Matricule des Anges n°118 | par Chloé Brendlé

Avant d’être polémiste, écrivain, et empêcheur de penser en rond acharné, Léon Bloy fut soldat. Sa guerre franco-prussienne de 1870-1871, il la raconte vingt ans plus tard dans les trente contes de la Sueur du sang, en tant qu’« historien anecdotique ». D’un tout autre tonneau que La Débâcle de Zola parue juste avant, en 1892, les « fredaines héroïques » dont Bloy se fait le héraut invisible sont des histoires cruelles, cyniques, scabreuses. Puisqu’un « brave homme ne mérite aucun portrait », on n’aura droit qu’aux eaux-fortes des brutes ou des héros. Et si possible, des deux en même temps. On reconnaîtra les figures éternelles de la mère coupée en deux ou de la jeune fille violée, allégories de la douce France en péril, qui vont de pair avec une diabolisation de l’ennemi, pillard incendiaire conduit par une sorte de Néron dégénéré et « Tartufe sanglant de Poméranie », Bismarck, pour ne pas le nommer. Du côté français on ne comptera pas les personnages de paysans « naïvement lâches et fangeusement égoïstes, impénétrables au sentiment de la Patrie et tout à fait étrangers à l’idée de Race » ou veules bourgeois, unis par un commun sens de la survie et l’intérêt. Aux épisodes classiques de prostitution dans la boue, et d’exploits de soudards au grand cœur, il faut néanmoins ajouter les jubilatoires morceaux d’humour noir, qui louchent tantôt du côté de Poe tantôt du côté des guerres pichrocolines et qu’éclaire un singulier catholicisme : vieille femme vengeresse nouvelle Atrée, jeunes royalistes légitimistes prêts à suivre une messe jusqu’au massacre, soldats morts de trouille devant les sataniques croûtes d’un défunt peintre…
Arsouilles, ubiquitaires, belluaires, moblots, tardigrades et autres brucolaques, Léon Bloy ne mâche pas son vocabulaire. Il joue de sa gouaille folle, entre retranscription des accents et du lexique (de l’incontournable parodie teutonne au parler populaire) et d’un art consommé de l’euphémisme et de la périphrase. Entre « joyeux jubilé du sang » gaulois et sentiment d’horreur, les fantasmagories de Bloy réjouiront plutôt notre goût de la langue que notre chauvinisme de mauvais aloi.

Chloé Brendlé

Sueur de sang
Léon Bloy
L’Arbre vengeur, 350 pages, 16

Le Matricule des Anges n°118 , novembre 2010.
LMDA papier n°118
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