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Domaine français Et même les chiens

novembre 2010 | Le Matricule des Anges n°118 | par Franck Mannoni

L’oubli est l’une des matières premières de l’écrit. Jeannot, qui vit en solitaire dans la Brenne à coups de rouge, de grogs et de chopines en fait l’expérience vivante. Il sent que ce qui le taraude doit être exprimé par des mots. Mais comment structurer sa mémoire, son récit ou tout simplement se penser lorsqu’on est perdu dans les temps de conjugaisons : « des papiers qui faudrait que j’irais signer » ? Pour pallier ce manque d’assurance, Jeannot projette sa conscience morale sur une hallucination. Un enfant, un petit Arabe lui apparaît, la nuit, dans les marais. Des discussions s’engagent entre ce visiteur, Petit Prince qui erre pieds nus près des rives et cet ancien soldat qui a passé plusieurs mois en Algérie pendant « les événements ». Sur les actes commis sous l’uniforme pendant la guerre d’indépendance, Jeannot a préféré l’oubli impossible : « Cinquante années ont passées… C’est tout ! » Effacée la belle Rachida dont il était amoureux, oublié le visage tuméfié de Salim dans le sous-sol de la caserne, mais gravé le regard de l’enfant recroquevillé dans une maison du djebel. C’est ce même petit garçon qui aujourd’hui le visite sans haine : « Tu m’as appelé, alors je suis venu. » Dans trois cahiers d’écolier, Jeannot a confié ses remords, ce qui constitue le corps du livre de Jean-Louis Gutierres. Jeannot s’est surpris à « salir toutes ces pages » comme il dit, en une projection cathartique, concrétisation de ses visions et de ses interrogations.
Le beau premier roman de Jean-Louis Gutierres évite les justifications et les fausses excuses. Il présente un personnage dont le parcours singulier ajoute une pierre à l’édifice macabre de la grande Histoire. Au fur et à mesure que Jeannot avance dans son travail de mémoire, sa syntaxe se structure. Il se réapproprie sa vie pour faire face à ses actes. Il délaisse l’apitoiement, attitude passive, pour retrouver une dynamique morale. Peut-être une voie possible vers le pardon qu’il espère tant.

Franck Mannoni

Et même les chiens
Jean-Louis Gutierres
Le Temp qu’il fait, 157 pages, 16

Le Matricule des Anges n°118 , novembre 2010.
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