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Égarés, oubliés Retour de flamme

novembre 2011 | Le Matricule des Anges n°128 | par Éric Dussert

Influence inavouée de Baudelaire, Théophile Dondey est l’un des petits romantiques. Convaincu de n’être pas appelé à briller, il choisit le silence.

La parution du premier catalogue d’un jeune libraire d’ancien, Jérôme Doucet, qui a réussi l’exploit de réunir la quasi-totalité des éditions et publications originales de Théophile Dondey, mieux connu sous le pseudonyme anagrammatique de Philothée O’Neddy, constitue une excellente occasion de présenter la figure de ce discret volontaire du Petit Cénacle (1830-1833). Jeune-France aux côtés de Théophile Gautier, il aura surtout été lu ces dernières années dans l’édition qu’a procurée Plein Chant en 1993 de sa fameuse Lettre inédite de Philothée O’Neddy sur le groupe littéraire romantique dit des Bousingos initialement publiée par Pincebourde en 1875. Le groupe des Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Auguste Maquet, Petrus Borel dont il fut avec Nerval et Louis Boulanger l’un des amis les plus constants, trouvait là un éclairage important. C’était pour être exact un rectificatif à deux articles du bibliographe Charles Asselineau à son propos publiés par le Boulevard en août 1862…
Il faut dire qu’O’Neddy-Dondey s’était fait oublier après la dispersion du groupe. C’est tardivement – de manière posthume – que ses principales œuvres furent imprimées – hors le tiré-à-part de son Histoire d’un anneau enchanté (1842) et, surtout, Feu & Flamme, son célèbre recueil de poèmes tiré en 1833 par ses oncle et cousin, les éditeurs Dondey-Duprey père & fils. Dans la « grande fermentation intellectuelle » post-révolutionnaire, la jeune garde littéraire revendiquait un art révolutionnaire, une renaissance esthétique doublée d’un changement social radical (Dondey resta toute sa vie un anti-bourgeois viscéral). En avant-propos de Feu & Flamme, il écrivait : « Assez longtemps, immobile et les bras croisés sur le seuil de ma case de paria, j’ai contemplé, dans une oisive admiration, les adolescentes murailles de la Babel artistique et morale que l’élite des intelligences de notre âge a entrepris d’édifier. (…) La poésie possède enfin une cité, un royaume où elle peut déployer à l’aise ses deux natures : — sa nature humaine, qui est l’art, sa nature divine qui est la passion. » Puis, reconnaissant « quelques fortes empreintes de lycantropie » inspirée de son ami Borel, il ouvrait le bal d’un impressionnant « Pandæmonium ». Feu & Flamme fut le dernier livre Jeune-France, mais O’Neddy ne fut dès lors que le plus discret des petits romantiques – avec Marc Michel qui n’aura, lui, jamais publié en volume. Un songe prémonitoire avait fait savoir à Dondey qu’il ne brillerait jamais, et ce dès 1833…
Après la bataille d’Hernani, à laquelle il participa le 25 février 1830 aux côtés de « gilet rouge » et la dislocation du cénacle, Dondey quitta la vie de bohème du « Camp des Tartares » (du nom de la masure louée par Borel, rue de Rochechouart, au pied de Montmartre, où le Petit Cénacle mena une existence réprouvée par les bonnes mœurs et la police) mais maintint le contact avec Pétrus Borel replié au Baizil. Correspondant du Lycanthrope, il fut son messager auprès de l’imprimeur de Madame Putiphar. Sa trace s’efface ensuite. Né à sur l’Île Saint-Louis, à Paris, le 30 janvier 1811, Dondey occupa à partir de 1832 la fonction de commis de quatrième classe à la Comptabilité générale du ministère des Finances et ne fera plus que de rares apparitions dans le monde des lettres après la parution de son grand-œuvre, Feu & Flamme dont la parution est annoncée le 14 septembre 1833 dans la Bibliographie de la France (organe d’information capital dont on fête cette année le bicentenaire !). Amoureux d’une femme mariée, il poétise encore, inspiré par son amour, mais secrètement et ne publie plus rien d’autre que des critiques dramatiques pour la Patrie ou le Courrier français, une poignée de poèmes. Il cesse toute écriture durant dix ans lorsque son aimée s’éteint en 1846.
Très admiratif de Victor Hugo, on le retrouve en 1867 à la deuxième d’Hernani et au banquet offert à Célestin Nanteuil. Gautier l’interroge alors sur une prochaine publication. « Oh ! quand il n’y aura plus de bourgeois ! » lui est-il répondu… Pourtant Dondey écrit de nouveau, et notamment le Cul-de-Jatte, métaphore de sa destinée littéraire, des proses, des poèmes, puis, atteint de paralysie, il est mis à la retraite en 1872. Par l’effet du hasard, le jeune Armand Silvestre, qui fut installé dans le même bureau que lui, finit par se rendre compte qu’il avait été O’Neddy et lui déclare son admiration. Mais Dondey est au terme de sa vie et disparaît trois ans plus tard, le 30 décembre 1875, à son domicile de la rue Rollin (Paris Ve). Fort avisée, sa sœur vend alors sa bibliothèque pour financer la publication de ses Poésies posthumes (1877) et de ses Œuvres en prose (1878), reliques d’une vie consacrée à littérature et à l’amour, dans le recueillement.
Bien avant Valery Larbaud, c’est Charles Asselineau qui remit en lumière Philothée O’Neddy avec ses deux articles de 1862 où il qualifie de manière hasardeuse de « bousingots » les Jeunes-France. Vingt ans après avoir choisi de se taire, Théophile Dondey, soucieux de corriger les imprécisions du critique donna sa version des faits et profita de l’occasion pour rappeler que le saint-simonisme et le fouriérisme n’étaient pas absents du Camp des Tartares. Le feu n’était finalement pas éteint sous la cendre…


Éric Dussert

Philothée O’Neddy,
un brigand de la pensée

Présenté par Jean-Luc Faivre
Librairie Jérôme Doucet

Retour de flamme Par Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°128 , novembre 2011.
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