Soyons directs d’emblée : ce n’est pas là le meilleur Maurice Sachs (1906-1945). Pour tout dire, voilà même un bien étrange livre. Et d’abord dans sa forme : il est tout bancal, avec une partie que l’on peut qualifier de parisienne qui occupe les trois quarts du récit, le reste étant la partie que l’on dira new-yorkaise. Dans ces « historiettes » qui nous mènent du Paris des marchands d’art à cette « ville élevée à la gloire du bonheur » qu’est la Grosse Pomme, Sachs paraît broder à travers un personnage – Blaise Alias – un peu trop bavard. Seulement voilà, c’est aussi un buvard. Sachs a tellement mis de lui dans ce jeune homme à la sexualité « bilatérale », qui fait penser à un Rastignac dilettante, que le livre, du coup, prend une couleur autobiographique. D’où sa valeur inattendue. Écrit en 1937 et publié en 1948, ce livre compte moins pas sa dimension littéraire que par sa portée, disons, documentaire. Sur un homme difficile à cerner mais aussi sur une époque pittoresque qui, la guerre venue, perdra tout son romanesque.
A. D.
Chroniques joyeuse et scandaleuse
Maurice Sachs
Libretto, 168 pages, 8,10 €
Domaine français Chronique joyeuse et scandaleuse
octobre 2012 | Le Matricule des Anges n°137
| par
Anthony Dufraisse
Un livre
Le Matricule des Anges n°137
, octobre 2012.