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Théâtre Guérillères ordinaires

mai 2013 | Le Matricule des Anges n°143 | par Patrick Gay Bellile

Guérillères ordinaires

Les guérillères, ce sont trois femmes, aux prises chacune avec un homme, le mari, le patron et le père, trois figures emblématiques du mâle. À travers trois récits courts, trois monologues, l’auteur nous livre des destins tragiques, dont la mort est toujours la seule issue. Il y a pour commencer Lilith. Elle porte le nom de la première femme, celle qui refusa qu’Adam soit au-dessus d’elle pour faire l’amour et s’opposa même à Dieu qui voulait l’y obliger. Elle vit en Corée avec son mari et ses enfants. Une vie ordinaire d’expatriés. Et puis un jour, il prend à Georg, son mari, l’envie de percer une fenêtre dans la buanderie, ce lieu intime de Lilith, l’endroit de ses mystères et de ses secrets. Secrets très lourds, mystères insondables puisque dans le congélateur de la buanderie il y a deux enfants qui dorment. Deux enfants morts…
La deuxième figure, Léda Burdy, est chargée de l’accueil au sein de l’entreprise Egon Framm. Elle excelle dans son travail qu’elle accomplit avec beaucoup d’enthousiasme et d’engagement. Jusqu’au jour où son patron lui annonce qu’elle ne correspond plus aux exigences du marché. Elle est trop grosse. Léda va se mettre au régime et progressivement cesser de manger pour essayer de satisfaire ce marché qui la rejette, à savoir rentrer dans du 34 alors qu’elle fait du 42.
Nous ne connaissons pas le nom de la troisième femme. Comme si son histoire au nom très évocateur, « La dernière battue », avait gommé toute identité. Il s’agit de la confession d’une jeune fille dont le père n’a pas supporté la relation amoureuse avec une autre jeune fille. Par lâcheté elle a cédé à son père et dénoncé son amie. Et l’histoire là encore tourne mal.
Magali Mougel donne à ces textes le nom de poèmes dramatiques, une forme située entre la poésie et le théâtre, écrite dans une langue claire et immédiate, une langue peuplée d’images. L’écriture fait avancer l’histoire jusqu’au dénouement, inéluctable. Ces femmes prennent place parmi les héroïnes ordinaires de l’histoire de l’humanité, celles qui depuis la nuit des temps ont choisi d’affirmer leur condition.

Patrick Gay-Bellile

Guérillères ordinaires
de Magali Mougel
Éditions Espace 34, 80 pages, 12,80

Le Matricule des Anges n°143 , mai 2013.
LMDA papier n°143
6,50 
LMDA PDF n°143
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