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Domaine étranger Medusa

novembre 2013 | Le Matricule des Anges n°148 | par Thierry Guinhut

Sa « Trilogie du mal » (L’Offense, Le Correcteur, La Philosophie en hiver) a fait de Ricardo Menéndez Salmón (né en 1971) un écrivain assis à la lisière du romanesque et de la philosophie politique. Exploitant le filon des abominations humaines, il ne pouvait que s’interroger sur la relation de l’artiste au mal, s’il s’agit d’une relation saine, voyeuriste, cathartique ou thérapeutique… C’est chose faite avec Medusa, roman qui emprunte les masques de la biographie et de l’essai.
Le peintre, tout ce qu’il y a de plus fictif, également photographe et cinéaste, se nomme Prohaska. Son art, ou du moins son activité d’enregistreur, consiste en un regard apparemment sans responsabilité. Commis aux massacres nazis, puis franquistes, enfin des dictatures d’Amérique latine – mais jamais communistes –, l’homme, qui veut que nulle part n’apparaisse son visage, a-t-il peur de se regarder en face et d’en être médusé ?
Quand Prohaska, qui est pourtant capable d’aimer sa femme Heidi, travaille « Sous la dictée d’un dieu cruel », l’écriture froide du romancier espagnol est celle du constat devant « les bagatelles de l’extermination ». Faisant de l’image « son baume et sa rage », il dessine des visages d’enfants morts, ou figurant les « Plaies d’Hiroshima », le narrateur fuit l’émotion, délivrant « l’une des plus puissantes représentations de la douleur humaine que l’art du XXe siècle nous ait léguées  ». La cruauté mécanique de l’Histoire est alors l’occasion pour l’auteur de créer un véritable mythe, celui de l’artiste condamné à vivre au chevet des souffrances qu’il a reflétées. À moins qu’il s’agisse d’une lecture théologique, lorsqu’il médite ainsi : « La guerre est le récit répété de la chute ». Le suicide de ce « bureaucrate du mal » conclut alors cet étrange et bel apologue, qui peut être lu comme un poème en prose, auquel on pourrait également donner le titre d’une des œuvres de l’artiste : « Requiem pour notre dignité ».

Thierry Guinhut

Medusa
de Ricardo Menéndez Salmón
Traduit de l’espagnol par Jean-Marie Saint-Lu,
Jacqueline Chambon, 138 pages, 18

Le Matricule des Anges n°148 , novembre 2013.
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