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Histoire littéraire Le club des cinq

mars 2014 | Le Matricule des Anges n°151 | par Anthony Dufraisse

Retour sur l’histoire du groupe de Médan, ce cercle réunissant autour de Zola des défenseurs du naturalisme.

Zola et le groupe de Médan

En couverture, une photographie prise par Nadar. Binocles sur le nez, barbe fournie mais bien taillée, cheveux lissés en arrière, Émile Zola pose à sa table de travail, un livre ouvert sur les genoux. S’agit-il des Soirées de Médan ? On ne le saura sans doute jamais. Daté de 1895, ce cliché a donc été réalisé pile quinze ans après la parution de ce recueil qui réunit autour de Zola cinq de ses plus proches partisans : Maupassant, Huysmans et Henry Céard sont les plus connus, auxquels il faut ajouter les noms de Léon Hennique et Paul Alexis. Publié en avril 1880, cet ouvrage collectif se présente comme une défense et une illustration des principes de l’école naturaliste. Un mouvement qui, dans ces années-là, a définitivement imposé son empreinte dans l’histoire littéraire, et ce au grand dam de ses nombreux et vigoureux détracteurs, comme l’explique bien Alain Pagès, spécialiste de l’auteur des Rougon-Macquart. Cet universitaire, qui a beaucoup écrit sur ou autour de l’œuvre zolienne, ne se focalise pas, loin de là, sur ce seul épisode de la publication des Soirées de Médan. Son panorama est plus large et la chronologie plus étendue, aussi bien en amont qu’en aval. S’ouvrant sur les amitiés de jeunesse de Zola et s’achevant en 1930, année de la commémoration du cinquantenaire des Soirées, il donne à voir les coulisses de l’histoire du naturalisme, ses tenants et ses tournants, les enjeux de premier plan et les acteurs de premier rang. Il serait regrettable de voir là un ouvrage pour seuls connaisseurs de Zola alors qu’il s’agit d’une passionnante traversée de la France littéraire du XIXe siècle, et l’occasion de voir les dessous de ce qui, avec le temps, est devenu un mythe.
Celui qui est à la tête des Cahiers naturalistes remonte donc aux sources de la constitution du cercle de Médan pour montrer un Émile Zola de longue date engagé dans des aventures collectives. Plusieurs séquences de sa vie le verront en effet évoluer au cœur ou en marge de « groupe élu ». Tantôt il en sera l’initiateur, y occupant « une position centrale », tantôt il en sera un simple participant (par exemple dans le cénacle qui se crée autour de Flaubert). Par crainte viscérale de la solitude, nous dit Pagès, il y a toujours eu chez Zola un désir de fraternité et de destinée commune. Il lui faudra attendre le milieu des années 1870 pour voir se constituer « un réseau de solidarités multiples qui rassemble (…) un groupe d’écrivains unis par une communauté de pensée , quelles que soient leurs différences de sensibilité. Ce qui les réunit, c’est le sentiment profond de leur originalité littéraire dans un monde qui se montre rétif devant leurs tentatives esthétiques ». Comme son nom l’indique, le groupe proprement dit de Médan ne prendra vraiment forme qu’avec l’acquisition, par Zola, d’une « maison, une cabane à lapins, entre Poissy et Triel, dans un trou charmant, au bord de la Seine », plaisante l’intéressé, heureux propriétaire de ce coin de verdure.
Alain Pagès décrit de façon vivante les liens d’amitié qui se tissent là-bas, dans ce décor champêtre, entre Zola et ses cadets Maupassant, Huysmans, Céard, Alexis et Hennique, ardents « combattants du naturalisme ». C’est que le projet de recueil des Soirées de Médan, né semble-t-il à l’initiative du dernier, doit être considéré comme un acte de guerre, les disciples de Zola voulant défendre, à même le texte, une certaine vision de la littérature. Mais cette bataille littéraire menée collectivement ne doit pas cacher des stratégies personnelles différentes entre « frères d’armes ». Dès avant la mort de Zola, en 1902, les affinités n’empêchent pas les divergences. Et derrière la fraternité née en bord de Seine au sein de la « médanière », comme dira joliment Jules Vallès de passage chez Zola, des stratégies de carrière se feront jour, entre fidélités et rivalités, qui viendront très vite écorner le mythe de Médan.

Anthony Dufraisse

Zola et le groupe de Médan :
Histoire d’un cercle littéraire

Alain Pagès
Perrin, 480 pages, 24

Le club des cinq Par Anthony Dufraisse
Le Matricule des Anges n°151 , mars 2014.