Un livre

Avant et après la chute

de Richard Bausch

Editions Gallimard

Très loin après la déferlante des romans post-11-Septembre, Richard Bausch nous offre avec cet Avant et après la chute un drame intimiste sur fond de catastrophe (inter)nationale. Natasha et Faulk se rencontrent à l’occasion d’un dîner mondain. Ils viennent de la même ville de Caroline du Sud ; assistante de sénateur, elle rêve de retourner un jour en France s’adonner à son vrai plaisir, l’aquarelle ; prêtre, il s’apprête à renoncer à sa charge, question de conviction autant que de lassitude. Une semaine de rendez-vous quotidiens, de visites dans la capitale, et les voilà qui fixent leur mariage au mois de septembre, juste après le voyage à la Jamaïque que Natasha a prévu de longue date avec une vieille amie. Le couple organise son départ de Washington et Natasha s’envole pour « le paradis » quand Faulk part assister à un mariage à New York. 11-Septembre : Faulk à l’hôtel apprend par téléphone que les tours s’écroulent. Natasha sur son île n’arrive pas à se défaire de l’idée que son fiancé devait se trouver au sommet du World Trade Center à l’heure du drame. Hystérie collective, choc, alcool : déboussolée, elle est victime d’un viol, et de retour aux États-Unis, choisit de garder le silence. L’incompréhension s’installe entre elle et Faulk, la suspicion grandit, jusqu’à l’explosion.
On commence le récit sur la voie de la romance intimiste, avec la réunion de deux solitudes, des portraits minutieux, un réel souci de l’instant. Et puis tout s’emballe et devient bancal. On se détache des personnages – ils ne se connaissent pas ; on passe sur les clichés (la peinture en Provence, pour n’en citer qu’un), sur les expressions « ma poupée », « ma bichette » ; sur les temps de rupture de l’histoire. On lit un entre-deux, une esquisse à grands traits qui oublie l’essentiel, ce en quoi Bausch d’habitude excelle : le détail au service de la grande Histoire. Et le texte en perd toute saveur.

Julie Coutu

Avant et après la chute
Richard Bauch
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Stéphanie Levet
Gallimard, 480 pages, 23,50 €