Hippocampe N°13 (Alan Pauls)

Pluridisciplinaire, l’Hippocampe opère sa mue. Dans quelques mois, ce ne sera plus seulement une revue littéraire et artistique et un journal critique d’actualité littéraire, mais deviendra aussi maison d’édition. En attendant, ce treizième numéro révèle toute sa richesse et sa créativité. Un dossier est consacré à l’écrivain argentin Alan Pauls, né à Buenos Aires en 1959. Fils d’un émigré allemand ayant fui le nazisme, s’il n’a jamais réussi à apprendre la langue paternelle, il est parfaitement francophone, spécialiste de Stendhal, Proust et Barthes. On lui doit aussi un essai sur Borges, des nouvelles, plusieurs romans dont Le Passé (Christian Bourgois, 2005). « Ce roman sur la pathologie amoureuse montre comment celle-ci transforme des individus en fantômes, en morts-vivants, en restes d’êtres calcinés par la passion. » explique André Gabastou qui dirige l’étude. Un autre dossier sous la houlette de David Collin décline le terme Furor. « Aujourd’hui, l’incompréhensible est taxé de fureur et rime souvent avec terreur aveugle, et folie. Mais ‘le furor’, pourrait aussi, devrait rimer avec ‘saine colère’, avec inspiration, enthousiasme, avec une certaine attitude de la pensée, ‘dans’ la pensée. » L’occasion d’une rétrospective autour de la revue éponyme parue de 1980 à octobre 2000 à Lausanne ayant accueilli les plumes de Jean Starobinski, Derrida, Quignard, Novarina, Bénézet, Michel de Certeau… D’autres travaux révèlent l’auto-observation littéraire chez Henri Michaux ou analysent la relation qu’entretint Gaston Bachelard avec les voix à travers la radio. Des créations du Catalan Francesc Serés ou de Laura Vazquez ainsi qu’un regard sur l’œuvre de la plasticienne performeuse d’origine cubaine Ana Mendieta ponctuent ce numéro dense, à la superbe présentation.
D.A.
Hippocampe N°13, 160 pages, 14 €
(21, rue Duhamel, 69002 Lyon)