La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Poésie Vertical

avril 2017 | Le Matricule des Anges n°182 | par Emmanuel Laugier

Rester vertical pourrait être le titre du projet d’écriture auquel se donne Jean-Claude Schneider rageusement depuis plus de cinquante ans. Et ce pour inscrire sur la surface du papier, presque vainement dirait-il, cette verticalité de l’homme qui marche et poursuit, malgré tout. Vertical reprend donc le dessein de ce « il », et dans les casses de sa graphie, dans le déploiement d’un poème rogné, désaxé, dégondé de sa syntaxe commune, le conduit malaisément vers on ne sait quelle lutte. Le voilà donc, « il » est sous le ciel gris ardoise, habitant jeté là, attenant à quels augures trompeurs, et à quelques mensonges que les mots, véritables mouches vrombissantes, rabâchent encore jusqu’à sa bouche… ? C’est l’une des questions que pose la poésie de Jean-Claude Schneider, celle du dévoiement du langage, du verbiage creux, de la manipulation qu’il suppose, et ce avec une violence et une fulgurance parente de celle de Jacques Dupin : qu’on entende, par exemple « l’empêchement de tout récit  », le sens qui vient l’engorger jusqu’à lui faire vomir son fatras, ce qui « s’ébroue / dans la mêlée où butine / la / mouche à chiens  », ou cette « processionne chenille / [qui]bave  », jusqu’à cet imprononçable : « le [ ] de pro(li)fération de / la h / imprononcée d’/ horreur  ». Car d’un « roncier enfoncé dans la gorge / tessons – / giclent langue ongles  », mais est-ce « d’homme encore que jouir / d’écouter s’égoutter là le temps ruisseau / de vie saignante  » ?
Expressionniste (il traduisit Georg Trakl), baroque presque, maltraitant la langue comme une argile de torrent, la poésie de Jean-Claude Schneider s’apparenterait volontiers aux vastes champs de plomb des tableaux du peintre allemand Anselm Kiefer, par la puissance des ellipses et l’évidence de sa rage rongée de douleur : « peuples nocturnement migrent – / convoi fin du ballast – / commence l’ / inarticulé  ». C’est que la « cassure / va hachée poémant l’âpre / et parle // mais / pas aux nébuleuses – », c’est le prix de la véritable littérature qui, on le sait, donne des leçons (Mandelstam).

E. L.

Vertical, de Jean-Claude Schneider
La Lettre volée, 144 pages, 19

Le Matricule des Anges n°182 , avril 2017.
LMDA papier n°182
6,50 
LMDA PDF n°182
4,00