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Poésie Splendeur du vide

mars 2020 | Le Matricule des Anges n°211 | par Emmanuelle Rodrigues

Hangars nous invite à (re)découvrir la voix de José-Flore Tappy, qui livre ici dans une langue sobre les éléments de sa poétique.

Limaille, Élémentaires, Gravier, voici rassemblés les trois ensembles qui composent la présente édition de Hangars, publié une première fois en 2006. Trois titres dont le dénominateur commun serait de qualifier la matière poétique emblématique de cette œuvre mais aussi bien ses motifs récurrents sans cesse ici présents. Paysages où telle bâtisse apparaît « livrée au vide », et « terre froide » ces lieux où le néant gagne, d’emblée la parole s’avère dotée d’une singulière énergie. Dans son avant-propos, Philippe Jaccottet souligne à ce propos : « La rareté d’un chant qui ne s’élève que sous la pression de la nécessité ; et cette nécessité est celle d’un combat pour ne pas déchoir, pour ne pas sombrer. » Car, au fond, la description récurrente de la désolation de ces paysages et de leur austérité invite à saisir ce que ceux-ci recèlent d’éléments essentiels à notre vision, et c’est là une quête tâtonnante dans un monde d’obscurcissement, appelant donc notre attention.
Native de Lausanne, José-Flore Tappy est l’auteure de nombreux recueils, et également traductrice de poètes de langue espagnole. La citation d’Antonio Machado qui figure en exergue évoque ce foyer éteint où se brûle la main qui se risque à en ranimer le feu. C’est bien là l’étincelle d’un début d’illumination menacée de mourir. À quoi seule la visée d’un labeur poétique répond dans un effort d’équilibre afin que la perception même des choses se trouve alors réajustée. Cette double tension qui se joue ici anime le dialogue entre affects, corps, objets, au sein d’un environnement aussi bien propice à la parole qu’au silence, à la présence qu’à l’absence, à la mémoire qu’à l’oubli, à la clarté qu’à l’obscurité. L’oxymore auquel l’écrivaine aime recourir tend à rendre possible par ce rapprochement entre des contraires l’élaboration d’une cohérence, ce sens vers lequel tendre, sans pour autant figer celui-ci, mais le faire advenir dans un souffle, et parfois même, surgi de la profondeur, au bord de disparaître, comme in extremis. Il est d’ailleurs question de « tordre en soi le manque / le courber jusqu’à terre / pour redresser / de force / ce vide de l’autre / qui nous creuse / nous remplit ». Comme la citation de Machado l’annonçait, il s’agit bien ici de « remuer la cendre » et « Enclume / réduite en pure / limaille / ne restent sur le sol / que pointes de métal / elles miroitent / au pied des arbres / tentaculaires  ». C’est encore « même muet un cri » qui « lacère / la pellicule de l’air ». Ces images dépeignent avec force le travail d’alchimiste auquel José-Flore Tappy se livre, comparant à un chantier et à ses décombres ce que l’écrivaine parvient à « tenir à distance » et à « laver à grande eau ».
L’essentiel tient donc à ce rythme qui d’un mot à l’autre maintient la mesure d’un vers ici suffisamment éloquent sans l’être trop. Feu ou cendre, eau dormante ou clapotis, là encore « un silence / qui bat », et ce qui s’apaise, se stabilise, n’empêche pas de chercher toujours « l’équilibre dans le déséquilibre ».
Emmanuelle Rodrigues

Hangars, de José-Flore Tappy
Avant-propos de Philippe Jaccottet, Éditions Zoé, 112 pages, 8,50

Splendeur du vide Par Emmanuelle Rodrigues
Le Matricule des Anges n°211 , mars 2020.
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