Internationale lettriste : Visages de l’avant-garde a été rassemblé et rédigé pour constituer la première pièce des archives du lettrisme (1945-1953). On y trouve dès cette date, sitôt la scission avec les lettristes Isou et Lemaître, la position des fondateurs de l’Internationale lettriste, les plus radicaux, qui allaient sous peu constituer le situationnisme, c’est-à-dire Serge Berna, Jean-Louis Brau, Guy Debord et Gil J Wolman qui souhaitaient extirper les problématiques et questionnements du seul domaine de l’Art. Autrement dit, avancer sans Isidore Isou – qui s’était opposé à l’intervention à l’hôtel Ritz d’octobre 1952 contre Chaplin. La sécession eut lieu en novembre 1952 et justifiait cette phrase du Manifeste de l’Internationale lettriste : « Mais les écoles meurent pour laisser la place à des hommes complexes. »
Dès lors, s’écrivait l’archive à l’aide d’articles des revues Fontaine, La Dictature lettriste, Europe ou Ur, et de la presse de l’époque. Des « Improvisations mégapneumes (30 ‘’) » aux épisodes de 1950 qui comprenaient l’arrestation d’Henri de Galard de Béarn – membre du « Cercle des Ratés » avec Ivan Chtcheglov il avait acheté 25 kg de dynamite pour faire sauter la tour Eiffel –, et celle de Michel Mourre qui tombait sous le coup de deux chefs d’accusation pour l’affaire de Notre-Dame où il était entré vêtu en dominicain, les activistes n’avaient pas démérité plaçant résolument le débat sur le terrain politique, sans négliger jamais sa face esthétique. Témoigne encore ici le « film discrépant (disjonction du son et de l’image) et ciselant (pellicule lacérée) » qu’était le Traité de bave et d’éternité d’Isou projeté le 20 avril 1951 à Cannes.
Éric Dussert
Édition revue par Jean-Louis Rançon,
La Nerthe, 74 pages, 12 €
Histoire littéraire Internationale lettriste : Visages de l’avant-garde
mars 2020 | Le Matricule des Anges n°211
| par
Éric Dussert
Un livre
Internationale lettriste : Visages de l’avant-garde
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°211
, mars 2020.