Venu des temps bibliques, Lazare, opportunément ressuscité par le Christ, s’offre une nouvelle résurrection sous le clavier impertinent de James Morrow. Prétendant que son histoire ancienne était un « tour de magie », le voici réincarné en « Larry » à New York dans les années 60. Un cinéma diffuse une pornographique « Salopmé » et autres « films bibliques à succès », il découvre Freud et les comics de super-héros. Après un tel prologue, reprenant le fil de sa mémoire, il est forcé de fuir la Judée. Nouveau « Juif errant », il trouve refuge avec les deux Marie et Madeleine sur un bateau somptuaire égyptien, dont le timonier est un automate à tête de crocodile, qui use d’un « globe de vision ». Vaisseau spatial et temporel, « chevauchant frénétiquement le calendrier », il permet un voyage parmi des temps et des personnages hallucinants, entre Rome et Alexandrie, gladiateurs, thuriféraires d’Astarté, et une philosophe épicurienne, Celaeno, qui devient un moment l’épouse de Lazare, avec lequel elle met en œuvre une bibliothèque philosophique. Nos « chrononautes » filent vers l’époque de Constantin, pour, à l’aide de stratagèmes messianiques et prédictions, contribuer à sa victoire contre Maxence, permettant au christianisme de devenir religion officielle, puis vers le Concile de Nicée, ou, malgré la « folie meurtrière » ambiante, les « hérésies et hystéries », Lazare espère en une tolérance universelle.
Prolifique, l’Américain James Morrow déplie le surnaturel jusqu’en des proportions cosmiques et chronographiques démesurées. Il fait feu de péripéties rocambolesques, d’une culture encyclopédique pour développer une dystopie fantasque, ce dont témoignent ses titres : L’Arche de Darwin ou La Trilogie de Jéhovah. Il est bien le maître de la science-fiction historique et théologique.
Thierry Guinhut
Lazare attend,
James Morrow
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sara Doke
Au diable vauvert, 496 pages, 21 €
Domaine étranger Lazare attend
juillet 2021 | Le Matricule des Anges n°225
| par
Thierry Guinhut
Un livre
Par
Thierry Guinhut
Le Matricule des Anges n°225
, juillet 2021.