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Domaine étranger Noire et blonde

septembre 2021 | Le Matricule des Anges n°226 | par Catherine Simon

Dédié à son père, le récit autobiographique de la Portugaise Isabela Figueiredo explore de manière enfantine et brutale la réalité coloniale au Mozambique.

Carnet de mémoires coloniales

Attention, oiseau rare ! Ils se comptent sur les doigts de la main les livres qui donnent à voir, de l’intérieur, dans une langue à la fois crue et subtile, le désordre inhumain et affreusement intime du système colonial. Malgré son vilain titre, le récit autobiographique d’Isabela Figueiredo, née au Mozambique de parents portugais, fait partie de ces textes pionniers. C’est un livre majeur. Il cogne fort. Comme un cœur oppressé, comme une masse – loin des bonnes manières.
La voix est celle d’une petite fille. Une petite fille aux cheveux blonds, de condition modeste – un père électricien, une mère femme au foyer. Nous sommes à Lourenço Marques (aujourd’hui Maputo), un dimanche, au début des années 1970. La petite fille répète ce qu’elle entend et raconte ce qu’elle voit. De sa bouche, dès les premières pages, surgissent les crapauds familiers de la vérité coloniale : « Les Blancs allaient se faire des négresses. Les négresses étaient toutes pareilles et pour eux, il n’y avait pas de différence entre Madalena Xinguile et Emilia Cachamba, sauf la couleur du pagne ou la forme des nichons (…) ». Les femmes des Blancs ne s’en offusquent pas. « Les négresses n’étaient pas sérieuses, les négresses avaient la chatte large, les négresses gémissaient fort, parce qu’elles aimaient ça, les chiennes. Elles ne valaient rien ». D’entrée, l’infection du racisme, la hantise sexuelle, l’animalisation ordurière, toute cette « terminologie raciale » qui a bercé l’enfance de la narratrice, souillant sa propre langue, et qui permet, souligne dans une préface magistrale l’écrivaine Léonora Miano, de reléguer les Africains, ces sans nom, sans visage, sans histoire, « dans une altérité fondamentale ». D’entrée… et pour toujours ? Justement non, pas tout à fait.
Car la petite fille, très vite, elle qui, dès sa naissance, a reçu « en pleine figure tous les discours de haine » de ses parents et de leur monde, la petite fille se cabre face à son père, ce matamore, ce « roi-géant » qu’elle aime d’amour pourtant : « Je l’écoutai, sans rien dire, sans un signe d’assentiment, sans l’ombre d’un tressaillement, et moi, tout entière, j’étais un non d’acier ». Rien d’héroïque ou de particulièrement courageux à cela. Isabela, à l’instar de Marnus Erasmus, le jeune narrateur afrikaner du beau roman de Mark Behr, L’Odeur des pommes (JC Lattès, 2010), est, de naissance, une personne en miettes, à l’identité incertaine, mouvante, déchirée. Pour survivre, elle doit repousser, à défaut de s’en affranchir, cette idéologie déshumanisante, cette haine du « nègre » que son père voudrait lui transmettre : s’y opposer par le silence d’abord ; puis par les mots, même abîmés. Ceux de ce livre. « Quand nous grandissons et que la vie nous corrompt, il devient impossible de revenir aux premières lettres, celles qui ne connaissent, naturellement, aucune corruption, aucun commandement », admet l’auteure.
Contrairement à ses parents, émigrés au Mozambique à la faveur de la...

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