La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Théâtre Le chant du courage

mars 2022 | Le Matricule des Anges n°231 | par Laurence Cazaux

Ou comment affronter ses monstres intérieurs, entre pieuvre et ouragan.

Les Pieuvres est une pièce jeunesse qui met en jeu trois adolescents cabossés par la vie. Ils sont réunis dans une sorte de colonie, prônant la pratique sportive comme thérapie. Mais ces trois-là sont tout sauf sportifs.
Au démarrage, Ulysse s’est enfermé dans les toilettes, à la suite d’un blocage sur le plongeoir de la piscine. Quand il est trop perturbé, Ulysse entend une voix dans sa tête, celle de son frère mort. Son copain Simon le retrouve et fait tout son possible pour le calmer. S’ensuit une séquence, très courte, un rêve d’envol puis de plongeon magnifique. Puis c’est au tour de Simon de s’enfermer dans les toilettes d’un vestiaire après une course de haies catastrophique. Il a du mal à respirer, comme à chaque fois qu’il est contrarié. Ulysse, par sa présence, va alors l’aider à retrouver son souffle. Après un deuxième rêve où Simon chevauche un cheval sauvage, Ulysse et Simon se cachent une nouvelle fois dans les vestiaires et là, une jeune fille apparaît : Ana. Elle a des cheveux bleus. Elle vient de Moldavie, là-bas « on dit qu’une fille qui naît avec les cheveux bleus est une sorcière ». Ana refuse quant à elle la natation synchronisée. Elle se considère comme une guerrière, même si elle souffre de lilapsophobie, la peur des ouragans : « Tu sais, Simon, la peur, c’est à cause de la pieuvre que j’ai dans la tête… C’est le docteur qui dit ça. Que mes pensées, c’est comme une pieuvre qui grandit dans ma tête et, après, le cerveau, il voit plus rien. A cause des tentacules. » L’apparition d’Ana va remettre en mouvement Ulysse et Simon. Ces trois-là, avec leurs fêlures, vont arriver à dépasser leurs peurs. Pour échapper à la colonie, ils vont se faire enfermer dans les vestiaires de la piscine. La pièce bascule alors dans le fantastique. Les lumières vont s’éteindre. Plongés dans le noir, ils vont devoir affronter un bruit : « Un bruit terrible, un bruit venu d’un autre monde. Inhumain. Et un grognement. Celui d’un presque animal. Bref et terrifiant. » Comme dans un conte, ils vont alors craquer une allumette, faire un vœu et se retrouver dans un jardin en friche, peut-être en Moldavie, poursuivis par le bruit qui se révèle être celui d’un cyclone, Ivan. Les trois vont se préparer au combat, par le biais de leur imaginaire, de leurs rêves, de leur amitié aussi.
Les Pieuvres est une pièce intime. Sophie Merceron raconte qu’elle n’aimait pas trop l’école. Au lycée, elle fait la rencontre de deux filles, insolentes et curieuses. « Un jour, un prof a dit cette phrase à notre intention : “ trois faiblesses n’ont jamais fait une force”. Je me souviens de ces mots, prononcés fort, pour que tous entendent. Je les ai reçus comme une gifle. En fait, je crois exactement l’inverse, je crois que trois faiblesses peuvent faire une force. Je crois même que le plus beau, le plus créatif, peut surgir de telles rencontres. Trouver la force d’accepter de quitter l’enfance, de s’affirmer coûte que coûte, de comprendre qu’on n’est peut-être pas fait pour marcher dans les clous et devenir soi, malgré la peur qui est sans cesse présente à cet âge où, bien sûr, tout nous semble possible, mais où tout ce qui nous entoure peut apparaître comme violent et brutal. »
Et ce qui est beau dans la pièce, c’est qu’elle met en jeu des fêlures de manière organique, en lien avec la nature. Les adolescents se confrontent à un ouragan. La nature se déchaîne, exact miroir de ce que ressentent ces trois jeunes. C’est une pièce sauvage, initiatique, pour surmonter sa colère, trouver son propre chemin et le courage d’affronter ses monstres, avec des scènes étranges, par exemple quand les trois protagonistes mangent des anguilles comme des ogres pour trouver finalement leurs noms de guerriers. Sophie Merceron se dit amoureuse des romans de Rick Bass ou de Jón Kalman Stefánsson. Elle crée effectivement un univers au souffle puissant, sans aucun pathos ou apitoiement, qui invite à se relever de ses blessures et trouver l’énergie d’aller voir ailleurs.

Laurence Cazaux

Les Pieuvres
Sophie Merceron
L’École des loisirs, 64 pages, 6,50

Le chant du courage Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°231 , mars 2022.
LMDA papier n°231
6,50 
LMDA PDF n°231
4,00