Ce volume de quinze lettres (toutes de la main de l’écrivaine) témoigne des liens qui unissaient Marguerite Duras et la réalisatrice Michelle Porte, à qui l’on doit notamment Les Lieux de Marguerite Duras (1976) et Savannah Bay c’est toi (1984). C’est cette relation amicale et artistique entre les deux femmes que ce recueil composite donne à lire, avec non seulement les lettres de Duras, mais surtout les commentaires de Michelle Porte, qui réagit au contenu de chaque missive dans des entretiens récents réalisés avec Joëlle Pagès-Pindon (réactions qui permettent à la réalisatrice d’évoquer à la fois le contexte des lettres et des souvenirs plus personnels, lesquels font d’ailleurs la saveur du volume).
Même si l’on y voit Duras évoquer sa production artistique (littérature, cinéma, théâtre, les projets se succédant chez elle à un rythme effréné), même si on est heureux d’y retrouver l’écrivaine (« Je croyais ne plus aimer écrire et cet été j’ai écrit pendant trois mois comme une dingue, le cinéma ne comptait plus »), on a quand même souvent l’impression de l’observer par le petit trou de la serrure. On y apprend que la mère de Duras appelait sa fille « ma petite misère », que l’écrivaine avait volontiers des « fringales de travaux manuels » (couture et peinture notamment – Michelle Porte se souvenant par exemple que Duras avait repeint en rose toutes les boiseries des fenêtres de sa maison de Neauphle, et jusqu’au réfrigérateur), et que lorsque Sonia Orwell (la veuve de George) était de passage à Paris elles se livraient toutes les deux à de grandes séances de ménage dans l’appartement de Duras…
Didier Garcia
Lettres retrouvées (1969-1989)
Marguerite Duras et Michelle Porte
Gallimard, 208 p., 18 €
Histoire littéraire Lettres retrouvées (1969-1989)
mai 2022 | Le Matricule des Anges n°233
| par
Didier Garcia
Un livre
Par
Didier Garcia
Le Matricule des Anges n°233
, mai 2022.